Quels sont les maladies et les traitements de la prostate ?

Bon nombre de seniors se plaignent de problèmes de prostate. Et pour cause, selon le Dr Alain Bitton, chirurgien urologue et sexologue, près de 80% des hommes souffriront, à un moment ou à un autre de leur existence, d’un problème de prostate, avec une incidence accrue après 50 ans. Il s’agit donc d’un véritable phénomène de société et problème de santé publique. Quelles sont les affections de la prostate? Existe-t-il des traitements efficaces ? Le spécialiste nous répond. 

Contrairement aux idées reçues, la prostate assume des fonctions essentielles dans la vie de l’homme. Avec l’âge, elle a tendance à se dilater naturellement, occasionnant diverses conséquences souvent gênantes au quotidien. Cette petite glande de l’appareil génital masculin située en avant du rectum, sous la vessie, régule notamment la cadence mictionnelle urinaire et participe à la production d’une grande partie du liquide spermatique. 

Les affections de la prostate : prostatite, hyperplasie bénigne de la prostate (HBP) et cancer de la prostate

Qu’est-ce que la prostatite ?

La prostatite est une affection bénigne qui désigne les différentes formes d’inflammation de la prostate. La forme classique est la prostatite aiguë bactérienne, qui se manifeste avec un état fébrile et la baisse de l’état général, par des symptômes urinaires irritatifs et obstructifs.  Les bactéries entraînant une infection aiguë de ce type sont les germes qui colonisent les intestins ou les voies urinaires. La forme la plus fréquemment retrouvée, surtout chez les hommes jeunes, est connue sous le terme générique et actuellement désuet de « prostatique chronique ». Aujourd’hui on parle de syndrome inflammatoire pelvien. Les symptômes principaux sont : douleurs au-dessus de la vessie avec pression et gêne à la miction, irradiation des douleurs au niveau des testicules, brûlures urétrales ou à l’extrémité de la verge, le périnée, le rectum, souvent associés à un syndrome fonctionnel du côlon ou des hémorroïdes. 

Qu’est-ce que l’hyperplasie bénigne de la prostate (HBP) ?

De la dimension d’une châtaigne chez l’homme jeune, le volume de la prostate augmente naturellement avec l’âge. Ce phénomène, bien connu des professionnels, est l’hyperplasie bénigne de la prostate (HBP). Le Dr Bitton souligne l’aspect fréquent mais bénin de cette évolution : “La dilatation bénigne de la glande connue sous le terme d’hyperplasie ou d’hypertrophie prostatique est une prolifération bénigne des cellules sous l’effet de l’âge qui se produit chez plus de 50% des hommes de plus de 50 ans.”   

Cependant, si l’HBP ne met pas en danger la vie du patient, elle n’est pas sans incidence pour la qualité de vie des hommes qui avancent en âge. Elle peut même occasionner une gêne récurrente qui pousse généralement à consulter. “Au fur et à mesure que la prostate s’hypertrophie, elle comprime et rétrécit l’urètre jusqu’à empêcher – plus ou moins complètement – le débit urinaire. Les symptômes liés à une obstruction de l’urètre sont variables et se définissent comme obstructifs (faible pression urinaire, impression de mal vider la vessie, petites mictions fréquentes, gouttes retardataires…) et/ou irritatifs (besoins urgents ou impérieux, brûlures, nécessité de se lever la nuit),” explique le professionnel. Il précise que chez les patients âgés de 60 à 70 ans, les troubles mictionnels représentent 20 à 50 % des problèmes de santé et qu’à partir de 80 ans ou 90 ans, la quasi-totalité des hommes sont touchés par ce problème. 

Quels sont les traitements de l’HBP et du cancer de la prostate ?

Ces dernières années, la recherche dans le domaine de la prostate s’est considérablement développée. Le dépistage a d’abord connu un élan fulgurant grâce à la découverte du PSA (Prostate Specific Antigen), un antigène produit presque exclusivement par les cellules prostatiques et dont les taux sanguins permettent de dépister et de suivre les maladies ainsi que l’évolution de l’organe. Les traitements se sont également diversifiés. Si le Dr Bitton précise que la chirurgie de la prostate reste l’intervention la plus couramment pratiquée à partir de 65 ans, chez 1 homme sur 4, elle est souvent préconisée en cas de cancer de la prostate. Selon son type et son degré d’agressivité, un cancer de la prostate pourra justifier une ablation complète de l’organe. D’autres traitements peuvent être proposés, comme la radiothérapie et le traitement hormonal. 

Cependant, le Dr Bitton insiste sur la nécessité d’une prise en charge globale du patient avant de déterminer le traitement approprié : “Une fois le diagnostic posé, le choix du traitement dépendra de plusieurs facteurs : âge du patient, qualité de vie, facteurs de risque ou antécédents opératoires, localisation du cancer à l’organe seul ou présence de métastases à distance. Il est impératif de réaliser que quel que soit le type de traitement choisi, ce dernier devra tenir compte des altérations fonctionnelles ainsi que des possibles effets secondaires après traitement : sexualité, perte de la puissance et du désir, troubles urinaires même transitoires.”

Concernant l’hyperplasie bénigne de la prostate, il existe à l’heure actuelle des traitements médicamenteux avec des molécules efficaces permettant de diminuer considérablement les symptômes et d’améliorer la qualité de vie. Lorsque les traitements sont bien tolérés par le patient, ils permettent souvent d’éviter la solution plus radicale de la chirurgie, mais ce n’est pas toujours le cas. “La poursuite du traitement médicamenteux, sans tenir compte des facteurs de risque de l’évolution de la maladie ou de l’inefficacité sur les symptômes, risquerait d’aboutir à une détérioration de la fonction du muscle vésical (détrusor), ainsi qu’à de moins bons résultats fonctionnels postopératoires, nécessitant un drainage vésical à long terme et parfois définitif. Choisir le temps opportun pour l’intervention est donc critique”, souligne le spécialiste.

Au cours de ces 10 dernières années, toute une gamme de thérapies peu invasives s’est développée dans le but d’améliorer la prise en charge des patients atteints d’hyperplasie de prostate symptomatique. Les plus connues sont les différentes thermothérapies trans-urétrales qui consistent à réduire l’adénome prostatique par application de chaleur, ainsi que les traitements par Laser. Selon le Dr Bitton “les techniques les plus prometteuses restent le Laser KTP („greenlight“) ainsi que l’Holmium Laser”. 

J’ai été opéré de la prostate: et après ?

“Pour beaucoup de patients, il s’agit d’une opération ressentie comme un pas franchi vers la vieillesse. Les facteurs psychologiques, notamment concernant la sphère sexuelle, sont importants et ne doivent jamais être négligés lors de la discussion préopératoire”, explique le Dr Bitton. Il souligne également que, si les préjugés et les fausses informations peuvent favoriser l’impuissance chez un patient dont l’activité sexuelle était parfois déjà limitée, il est important de rappeler que les voies nerveuses et vasculaires de l’érection ne sont pas modifiées par la chirurgie de l’HBP. Il n’y a aucun effet négatif sur la libido. L’orgasme, dont la sensation peut être parfois modifiée, est conservé en qualité et les troubles érectiles postopératoires sont transitoires et souvent d’origine psychologique. La seule modification observée est la disparition de l’éjaculation qui se fait, dans 75 à 95% des cas, de façon rétrograde, vers la vessie. Il précise qu’à cet égard, les thérapies peu invasives comme la thermothérapie, par exemple, permettraient de préserver une meilleure fonction sexuelle ainsi qu’une éjaculation normale.