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EHPAD publics : comment faire face à la crise ?

Les établissements d’hébergement pour personnes âgées (EHPAD) apportent une prise en charge complète aux personnes âgées autonomes et surtout en perte d’autonomie et dépendantes. Les charges, prestations et services ont un coût élevé pour les établissements, des frais ne cessent d’augmenter avec l’inflation. La Fédération hospitalière de France (FHF) a dévoilé ce jeudi 18 avril les résultats alarmants de son enquête : 85% des EHPAD publics sont en déficit.

Ce n’est un secret pour personne, l’inflation a durement frappé les Français en 2023 et continue de menacer le pouvoir d’achat de l’ensemble de la population. Pour les EHPAD publics, ces augmentations ont des conséquences sans précédent. Alimentation, eau, énergie, médicaments, frais de blanchisserie et salaires pèsent désormais plus lourdement sur le budget déjà fragilisé des établissements. Une grande enquête menée par la Fédération hospitalière de France vient décrire une situation alarmante. 

La FHF a mené une grande enquête en mars 2024 au sujet de la situation budgétaire des EHPAD publics relevant de la fonction publique hospitalière (FPH). Les 730 EHPAD publics ayant répondu à l’enquête représentent plus de 100 000 lits d’hébergement permanent dans l’ensemble des régions, soit 43% des places d’EHPAD publics relevant de la fonction publique hospitalière.

Une situation déficitaire alarmante qui se généralise

S’il est de plus en plus difficile de trouver une place en EHPAD public, les résultats de l’enquête ont confirmé cette tendance. En effet, on constate une activité en augmentation par rapport à 2022, avec un taux d’occupation moyen en 2023 de 94,4 des places en EHPAD publics. Par ailleurs, les situations déficitaires alarmantes se sont étendues à un plus grand nombre d’établissements. Tandis qu’en 2019 seuls 42 % des EHPAD publics étaient en déficit, ils sont aujourd’hui 85 % pour l’exercice 2023, soit le double. Ce qui représente “un chiffre record alarmant” selon la Fédération. Elle ajoute que “les déficits sont généralisés, y compris dans les établissements qui ne connaissent pas de difficultés d’activité et en dépit des crédits exceptionnels mobilisés en 2023”. 

Quant au niveau de déficit moyen par place d’EHPAD, il s’aggrave également en passant de 3 226 € en 2022 à un niveau record de 3 850 € en 2023. “Appliqué à l’ensemble des EHPAD publics déficitaires, cela représente un montant d’environ 800M€ en 2023, en hausse de 60% sur un an.”

Les conséquences de la situation déficitaire alarmante sur la prise en charge en EHPAD

Si la Fédération tire la sonnette d’alarme c’est que cette situation financière menace directement la capacité des établissements à maintenir la qualité des prestations et de la prise en charge des résidents et surtout l’offre de solutions d’hébergement pour les personnes âgées. Elle évoque notamment des difficultés de trésorerie à court terme et l’incapacité des EHPAD à payer certaines charges. Le recrutement, déjà difficile dans le secteur médico-social, est lui aussi touché par les conséquences de l’inflation sur les capacités financières des EHPAD qui s’expriment également dans le domaine de l’investissement.  

Alerter les pouvoirs publics pour préserver l’offre au sein des EHPAD publics

Face à cette situation de crise vécue par la quasi-totalité des EHPAD publics, la Fédération hospitalière de France s’est réunie le 3 avril 2024 en Conseil d’administration et a adopté à l’unanimité une motion proposant à l’ensemble des conseils d’administration ou de surveillance des EHPAD publics relevant de la fonction publique hospitalière d’alerter les pouvoirs publics concernant “la situation budgétaire critique des établissements”. 

La Fédération propose une série de mesures urgentes à adopter pour “sauver l’offre public” et permettre aux établissements de continuer leurs missions auprès des personnes âgées. 

La FHF demande notamment aux pouvoirs publics “une augmentation de 5% du forfait soin des EHPAD”. Cette augmentation permettrait, entre autres, d’assurer le financement des 6 000 recrutements par an nécessaires pour atteindre l’engagement gouvernemental de 50 000 postes supplémentaires d’ici 2030.

Elle préconise également une augmentation de 5% des tarifs d’hébergement dans le cadre de l’Aide sociale à l’hébergement (ASH). Ces places bénéficient en effet de tarifs plafonnés par les Conseils départementaux pour les résidents bénéficiaires de l’Aide sociale à l’hébergement. 

En tant que mesure urgente et à court terme, la Fédération demande aussi aux pouvoirs publics “l’engagement de la révision des règles socio-fiscales qui pénalisent les établissements et services médico-sociaux publics par rapport au secteur privé.”

En plus d’une demande de prise de décision urgente concernant ces points, la Fédération appelle le Gouvernement à “partager une feuille de route claire quant aux réformes à mener, conformément au souhait exprimé notamment par l’ensemble des parlementaires qu’une loi de programmation pour le Grand Âge soit élaborée au plus vite. Les modèles de financement doivent être refondés de A à Z, les recrutements doivent être programmés et l’offre développée et transformée pour répondre à la vague démographique et aux besoins des aînés.”

La Fédération souligne par ailleurs que cette crise budgétaire sans précédent qui touche les EHPAD publics menace une partie de l’offre publique de disparaître à l’heure où la France fait justement face à une vague démographique du grand âge sans précédent et alors que se fait sentir au contraire un besoin impératif de créer de nouvelles solutions d’hébergement pour personnes âgées et de développer l’offre pour l’ajuster à une demande croissante. La Fédération souligne le fait qu’il y a urgence et que les pouvoirs publics doivent réagir à cette urgence le plus rapidement possible au risque de voir “les personnes qui ne seraient pas convenablement accompagnées voir leur état de santé se dégrader et leur accompagnement reposer sur les familles, l’hôpital et les Urgences.”

Source : FHF : Communiqué de presse du 18 avril 2024

Sophie B.

Rédactrice, journaliste presse et web passionnée de lettres et de belles lettres, Sophie dispose d’une grande expérience dans le domaine de la rédaction. A la recherche de la satisfaction des lecteurs, Sophie s’attache à la clarté du sens autant qu’à la beauté du verbe. Un diplôme de Sciences Politiques tout comme une formation d’enseignante lui permettent d’allier justesse, dynamisme et rigueur au service d’un contenu unique et recherché. Elle part sans cesse à la recherche de la réalité du terrain. Ses investigations auprès des publics concernés et les interviews qu’elle mène avec professionnalisme rendent son contenu vivant et instructif. Depuis plusieurs années, Sophie met sa plume et son expertise au service des seniors, afin d’approfondir de manière claire et rigoureuse les thématiques qui les touchent de près.

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