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Rester chez soi quand on est âgé coûte plus cher 

La 6ème édition du baromètre réalisé conjointement par Retraite.com et Silver Alliance 2025 sur le coût du bien vieillir à domicile révèle des prix en hausse sur les dernières années. Avec un budget mensuel moyen de 1 291 euros par personne à partir de 65 ans, le maintien à domicile représente un effort financier considérable, même si cela reste la priorité des Français. 

Le constat est indéniable : vieillir chez soi coûte cher et même de plus en plus cher selon le dernier baromètre de Retraite.com et de la Silver Alliance. Grâce à cette vaste analyse du coût de la vie des seniors qui restent chez eux, ces acteurs majeurs de la Silver économie fournissent une vue d’ensemble du budget à prévoir pour bien vivre à domicile, en distinguant les besoins selon les tranches d’âge de 65 à 75 ans, 75 à 85 ans et au-delà de 85 ans. 

En effet, si, sur les 15 millions de retraités recensés au 31 décembre 2024 selon l’Assurance retraite, 92 % d’entre eux souhaitent rester chez eux le plus longtemps possible (étude de Harris Interactive de 2022), ce choix de vie n’est pas simple et surtout financièrement. Le 6ème baromètre Retraite.com et Silver Alliance, alliance de 35 marques dédiées au mieux vieillir à domicile, apporte un éclairage précis sur cette réalité économique que connaît une grande partie des seniors d’aujourd’hui.

25 % d’augmentation en cinq ans : bien au-delà de l’inflation

La tendance principale mise en évidence par ce baromètre 2025 est claire : le coût du maintien à domicile a bondi de 24,8 % en cinq ans, entre 2020 et 2025. À titre de comparaison, l’inflation générale des prix à la consommation n’a augmenté que de 17 % sur la même période. Un écart de près de 8 points qui pèse lourdement sur le budget des seniors et de leurs proches.

Cette hausse s’explique par plusieurs facteurs conjoncturels qui se sont accumulés ces dernières années. « Cette hausse modérée, proche de l’inflation, vient camoufler l’augmentation très élevée sur 5 ans de près de 25 %, conséquence des différentes crises que le monde a traversées (COVID, guerre en Ukraine, crise des matières premières et de l’énergie) », explique Ludovic Herschlikovitz, fondateur de Retraite.com.

Pour autant, le fondateur se réjouit que « pour la première fois depuis 6 ans, les tarifs ont été contenus avec une hausse ‘limitée’ à +2,40 % sur 1 an ». Le budget mensuel moyen pour bien vieillir à domicile s’établit ainsi à 1 291 euros, soit 15 487 euros par an. Ce montant ne tient pas compte des dépenses fixes telles que le loyer, l’eau, l’électricité ou l’alimentation, mais uniquement des services et équipements spécifiquement liés au vieillissement : mutuelle, aide à domicile, livraison de repas, frais de transport ou équipements nécessaires à la mise en place d’un environnement sécurisé et confortable.

Un défi démographique majeur

L’enjeu dépasse largement la simple question budgétaire. La France connaît un vieillissement croissant de sa population qui devrait s’accentuer dans les années à venir. « Nous serons 20 millions de Français âgés de 60 ans et plus en 2030, avec une espérance de vie, à partir de cet âge, de 27 ans pour les femmes et de 23 ans pour les hommes. Nous passerons de 4,1 à 6,1 millions de personnes âgées de 75 ans et plus, alors que notre système de prise en charge est en tension », alerte Benjamin Zimmer, Directeur délégué associé de Silver Alliance.

La question du financement du vieillissement à domicile devient ainsi un enjeu de société majeur. À titre de comparaison, selon la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA), le prix moyen d’un mois en EHPAD s’élevait à 2 310 euros en 2023, un chiffre qui a augmenté de plus de 15 % en 5 ans puisqu’il était de 2 004 euros en 2019.

Une méthodologie rigoureuse pour mesurer le coût réel

Pour établir ce baromètre, Retraite.com et la Silver Alliance ont mené un travail d’investigation minutieux. Les tarifs de 19 produits et services dédiés au bien vieillir à domicile ont été étudiés, classés selon 5 postes de charges : veiller sur sa santé (mutuelle, audition, optique, produits d’incontinence, médicaments), aménager son logement (aménagement de salle de bain, barre de soutien, déambulateur), bien vivre chez soi (aide à domicile, téléassistance, garde de nuit), profiter de son temps (clubs et associations, téléphonie et solutions de communication) et autres services (aide administrative, transport).

Près de 200 devis ont été réalisés et analysés, de l’entrée de gamme jusqu’au premium, afin de proposer un panier moyen adapté à chaque niveau de revenus. L’étude s’est attachée à trois profils de retraite représentatifs de la réalité française : une retraite faible de 961 euros, une retraite moyenne de 1 531 euros (source DREES 2024), et une retraite élevée de 3 195 euros par mois à taux plein.

Des besoins qui évoluent avec l’âge

L’étude distingue trois tranches d’âge, révélant des besoins et des coûts très différents selon le degré d’autonomie.

Entre 65 et 75 ans, le montant mensuel moyen s’élève à 719 euros, soit une hausse de 2,13 % par rapport à 2024. À cet âge, les retraités restent encore très actifs, et les frais de mutuelle demeurent une des principales catégories de dépenses, suivis par les frais d’aide à domicile qui connaissent une augmentation de 5,80 %. Le coût peut toutefois varier considérablement selon la qualité des services : de 313 euros par mois pour les services de base à 1 052 euros pour les services élevés.

La facture grimpe sensiblement entre 75 et 85 ans, atteignant 937 euros par mois en moyenne, en hausse de 2,74 % par rapport à 2024. La santé reste la première catégorie de dépenses, avec des tarifs de mutuelles en forte hausse. L’âge avançant, les seniors ont tendance à diminuer leurs déplacements et ont de plus en plus de mal à accomplir certaines tâches du quotidien. Les frais de prestations de services à domicile (ménage, portage de repas) deviennent alors incontournables. Le matériel médical et de confort, tel que les cannes, fauteuils et autres produits d’aménagement intérieur, subit également une hausse proche de l’inflation. Selon la gamme de services, le coût peut varier de 516 euros à 1 395 euros par mois.

Au-delà de 85 ans,  le coût explose littéralement pour atteindre 2 216 euros par mois en moyenne, soit une hausse de 2,35 % par rapport à 2024. La dépendance et l’accès à des soins d’accompagnement (services à domicile, garde de nuit) deviennent les dépenses principales. Les frais de mutuelle restent également élevés et en forte augmentation avec une hausse de 7,37 % sur cette tranche d’âge. Pour les plus de 85 ans, il faut compter au minimum 1 275 euros en moyenne pour les services de base, et plus de 3 200 euros pour les services élevés.

Les mutuelles, premier facteur de hausse

Selon le baromètre, une catégorie de dépenses se démarque nettement dans cette hausse généralisée : la mutuelle santé. Dès 65 ans, la santé devient la principale préoccupation, et les tarifs ne cessent de grimper. En 2025, l’envolée a été particulièrement forte avec une augmentation de 7,77 % en un an tous profils confondus, et de plus de 10 % sur les profils haut de gamme.

« Cette situation est la conséquence du 100% santé. Si les plus fragiles ont pu ainsi accéder à des solutions pour améliorer leur santé, la majeure partie des retraités, qui en a également bénéficié, a vu ses cotisations augmenter », explique Benjamin Zimmer. Un effet colatéral de cette réforme qui visait pourtant à améliorer l’accès aux soins pour tous.

Abdellah Nasri, fondateur de Partner Assurances, membre de la Silver Alliance, pointe du doigt un problème récurrent : « Certains remboursements non adaptés à une clientèle sénior sont encore trop souvent intégrés dans des contrats, tels que des frais de maternité engendrant des tarifs parfois plus élevés. L’analyse précise des besoins dans les contrats reste le meilleur moyen de gagner en pouvoir d’achat. » Une observation qui souligne l’importance de bien choisir sa mutuelle et de ne pas hésiter à la réévaluer régulièrement.

Benjamin Zimmer apporte toutefois une note d’optimisme : « Les prix fluctuent et il arrive encore assez régulièrement d’obtenir de meilleures garanties en fonction de ses besoins, tout en réalisant des économies, notamment en faisant appel à des courtiers spécialisés. »

L’aide à domicile, un besoin croissant

Au-delà des mutuelles, les services à domicile constituent l’autre axe majeur de hausse en 2025. L’aide de jour, le ménage, le jardinage, ainsi que la livraison de repas à domicile figurent parmi les principales augmentations de l’année.

Avec l’âge, les seniors deviennent plus sédentaires et éprouvent des difficultés croissantes à accomplir les tâches du quotidien. Pour les 65-75 ans, les frais d’aide à domicile augmentent de 5,80 %. À partir de 75 ans, ces dépenses s’alourdissent encore, incluant la livraison de repas et l’acquisition de matériel médical de confort. Une réalité qui pèse de plus en plus lourd dans le budget des familles.

Certains services restent stables malgré tout

Toutes les catégories ne sont pas en hausse, heureusement. La comparaison de l’évolution des tarifs des 19 solutions analysées depuis 2020 révèle que certains services sont restés stables, voire ont baissé par rapport à 2024. C’est le cas de l’audition, des abonnements téléphonie et vidéosurveillance, des clubs et associations, de la garde de nuit à domicile, ainsi que des dépassements d’honoraires santé.

Autre point positif à relever, la qualité des services s’améliore. À tarif équivalent, l’offre de services se trouve augmentée. Les appareils auditifs, par exemple, offrent un appareillage largement plus performant et miniaturisé en 2025 qu’en 2019 pour un tarif quasi équivalent, voire inférieur. De nouvelles solutions apparaissent également, comme les accès à des bornes de téléconsultation pour les déserts médicaux, facilitant l’accès aux soins dans ces zones.

Pour les plus de 85 ans, les tarifs de certains services restent stables. C’est particulièrement le cas des prothèses auditives ou des offres liées à l’aménagement de la salle de bain. Ces solutions se stabilisent grâce au 100 % santé et à de nouvelles aides comme MaPrimeAdapt’, mise en place au 1er janvier 2024.

Quand le domicile rattrape l’EHPAD

La comparaison avec le coût d’un hébergement en EHPAD donne à réfléchir. Selon la CNSA, le prix moyen d’un mois en EHPAD s’élevait à 2 310 euros en 2023. Avec un budget de 2 216 euros pour maintenir à domicile une personne de plus de 85 ans, l’écart se réduit fortement. Le maintien à domicile reste-t-il financièrement plus avantageux qu’une entrée en établissement ?

Par ailleurs, il est important, en pratique, de nuancer cette comparaison. Les services offerts par un EHPAD, à savoir, l’hébergement, la restauration comprenant trois à quatre repas par jour, des soins médicaux permanents et des animations quotidiennes ne sont pas strictement équivalents à ceux d’un maintien à domicile. De plus, le budget calculé par le baromètre n’inclut pas le loyer, qui reste à la charge du senior vivant à domicile, alors qu’il est intégré dans le tarif en EHPAD.

Comme le rappelle Ludovic Herschlikovitz, fondateur de Retraite.com, « cela coûte moins cher de vivre à domicile qu’en EHPAD lorsque son état de santé le permet. » Tenir compte de la situation globale et de l’état de santé de la personne est donc essentiel dans le choix du lieu de vie.

Les aides publiques à la traîne

L’allocation de solidarité pour les personnes âgées (Aspa), destinée aux seniors aux revenus modestes, n’a progressé que de 14,59 % entre 2020 et 2025. Près de 10 points de moins que la hausse du coût du maintien à domicile sur la même période. Un décalage qui pénalise directement les seniors les plus fragiles financièrement.

Les plus modestes, qui dépendent le plus des aides publiques, sont ainsi ceux qui subissent le plus durement la hausse des coûts. Ils se retrouvent face à des choix difficiles, devant parfois renoncer à certains services essentiels pour équilibrer leur budget.

Des dispositifs d’aide qui existent

Le baromètre prend en compte uniquement le crédit d’impôt sur certains services, notamment l’aide à domicile et la garde de nuit. Il ne tient pas compte des autres aides publiques et privées, nationales ou locales, qui permettent de réduire les dépenses liées à la prise en charge du vieillissement.

Si le crédit d’impôt sur les services à la personne, maintenu en 2025, permet de récupérer 50 % des dépenses engagées dans la limite d’un plafond annuel, il ne s’agit pas de la seule aide possible. « Cette année, le crédit d’impôt services à la personne est encore maintenu, ce qui permet à tous les Français d’en bénéficier et à raison, puisqu’il rapporte plus qu’il ne coûte à l’État », souligne Benjamin Zimmer.

La réforme 100 % santé, mise en place début 2020, a permis de garantir une prise en charge totale de certaines prestations en dentaire, en optique et en aides auditives. L’Allocation personnalisée d’autonomie (APA), versée par les départements, constitue également une aide précieuse pour financer les heures d’aide à domicile des personnes en perte d’autonomie.

Les montants réels à la charge des seniors peuvent donc être significativement inférieurs selon leur situation et les aides auxquelles ils ont droit. Un point important à garder à l’esprit lors de la lecture de ce baromètre.

MaPrimeAdapt’ pour sécuriser son logement

Depuis le 1er janvier 2024, MaPrimeAdapt’ permet aux seniors aux revenus modestes ou intermédiaires de financer l’adaptation de leur logement. « L’État participe à présent au financement de l’aménagement du domicile des Français les moins aisés avec le déploiement de MaPrimeAdapt’ : plus de 23 561 logements en ont bénéficié depuis le 1er janvier 2024 », précise Benjamin Zimmer.

Cette aide finance des travaux essentiels pour sécuriser le domicile : installation d’une douche à l’italienne, pose de barres d’appui, suppression des seuils de porte, amélioration de l’éclairage. Ces aménagements permettent d’anticiper la perte d’autonomie et de prévenir les accidents domestiques, première cause de décès accidentel chez les personnes âgées. Un investissement qui peut éviter des dépenses bien plus lourdes liées à une hospitalisation ou à une entrée d’urgence en établissement.

Anticiper pour mieux maîtriser les coûts

L’anticipation devient plus que jamais la clé pour gérer sereinement le vieillissement à domicile. « Ce baromètre donne aux Français des indicateurs pour qu’ils puissent anticiper des dépenses potentielles à venir lorsqu’ils vont vieillir chez eux. C’est un outil d’aide à la décision, pas une vérité absolue », rappelle Benjamin Zimmer. Les Français doivent prendre conscience qu’ils devront « aménager leur lieu de vie et peut-être déménager pour s’assurer la présence de services de proximité, afin de vivre le mieux et le plus longtemps possible dans un domicile qu’ils ont choisi. »

Plusieurs stratégies permettent de limiter la facture. Concernant la mutuelle santé, première source de dépenses, il est recommandé de réévaluer régulièrement son contrat. Comme le rappelle Abdellah Nasri, l’analyse précise des besoins reste le meilleur moyen de gagner en pouvoir d’achat. Les tarifs varient considérablement d’un assureur à l’autre, et certains contrats incluent des garanties superflues pour les seniors.

L’aménagement du logement doit également être anticipé, idéalement avant 75 ans, quand on est encore en bonne santé. Profiter des aides financières comme MaPrimeAdapt’ permet de répartir l’investissement et d’éviter des travaux d’urgence, toujours plus coûteux.

Se renseigner sur l’ensemble des aides existantes reste indispensable. Au-delà de l’APA et du crédit d’impôt, certaines caisses de retraite complémentaires, mutuelles ou collectivités territoriales proposent des aides spécifiques peu connues du grand public. Un accompagnement par un conseiller spécialisé peut permettre d’identifier tous les dispositifs auxquels on peut prétendre.

Un outil indispensable dans un contexte de vieillissement de la population

Ce 6ème baromètre de Retraite.com et Silver Alliance met en lumière des chiffres essentiels, permettant à chacun de mesurer l’ampleur du défi à venir. « Ce baromètre qui, depuis 2020, a suivi les prix des solutions pour mieux vieillir à domicile, sans rupture, est un bon rétroviseur, dans un moment où nous devons faire des économies pour réduire la dette publique », analyse Benjamin Zimmer.

Dans un contexte où la France compte déjà plus de 15 millions de retraités et sera confrontée à 20 millions de personnes âgées de 60 ans et plus en 2030, la question du coût du vieillissement à domicile devient un enjeu majeur. Entre le souhait de 92 % des retraités de rester chez eux et la réalité économique de plus en plus contraignante, l’équation est complexe.

Avec une hausse de près de 25 % en cinq ans et des aides publiques qui ne suivent pas forcément le rythme, de nombreux seniors et leurs familles doivent faire des choix difficiles pour préserver leur autonomie sans compromettre leur niveau de vie. Un défi que ce baromètre contribue à rendre visible et quantifiable, offrant ainsi un outil précieux pour anticiper et mieux préparer les années à venir.

Sources : Retraite.com / BFM Business/ Gerontonews

Sophie B.

Rédactrice, journaliste presse et web passionnée de lettres et de belles lettres, Sophie dispose d’une grande expérience dans le domaine de la rédaction. A la recherche de la satisfaction des lecteurs, Sophie s’attache à la clarté du sens autant qu’à la beauté du verbe. Un diplôme de Sciences Politiques tout comme une formation d’enseignante lui permettent d’allier justesse, dynamisme et rigueur au service d’un contenu unique et recherché. Elle part sans cesse à la recherche de la réalité du terrain. Ses investigations auprès des publics concernés et les interviews qu’elle mène avec professionnalisme rendent son contenu vivant et instructif. Depuis plusieurs années, Sophie met sa plume et son expertise au service des seniors, afin d’approfondir de manière claire et rigoureuse les thématiques qui les touchent de près.

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