Dans un communiqué publié le 11 février dernier, le Ministère chargé de la Santé et de l’Accès aux soins annonce la publication d’un état des lieux de l’intelligence artificielle (IA) en santé en France, un document qui fait le point sur les avancées et l’intégration de l’IA au sein de notre système de santé.
Reconnue comme essentielle pour “transformer les pratiques médicales et améliorer les parcours de soins, optimiser les diagnostics, automatiser certaines tâches administratives pour redonner du temps aux soignants et fluidifier les parcours de prise en charge des patients”, l’intelligence artificielle apporte de nouvelles perspectives au secteur médico-social.
L’état des lieux se propose de les présenter en trois axes dans un document qui fait un bilan détaillé des initiatives en cours, des avancées technologiques, des applications concrètes et perspectives d’avenir, ainsi que des défis réglementaires à surmonter.
Le document détaille notamment :
- Les actions pour évaluer les bénéfices et les risques pour les patients et les professionnels : amélioration des diagnostics, personnalisation des soins et gestion optimisée des ressources.
- Les actions mises en place pour soutenir l’innovation dans les projets incluant l’IA.
- Un cadre d’évaluation, de régulation et des principes éthiques pour assurer une IA de confiance et sécurisée, adaptée aux exigences du secteur de la santé.
L’IA au service de la prévention
L’un des aspects majeurs des transformations opérées par l’IA dans le domaine de la santé concerne la prévention. Grâce aux nouvelles technologies, il est possible “d’adapter les messages de prévention aux besoins spécifiques de chaque individu, en s’appuyant sur les données de santé disponibles. Cela ouvre la voie à une approche plus proactive, visant à identifier les risques en amont et à proposer des actions ciblées pour améliorer le bien-être global”, précise l’état des lieux. Parmi les projets soutenus, plusieurs concernent le développement de nouvelles technologies d’imagerie médicale, avec un diagnostic assisté par l’IA, notamment dans le domaine oncologique. Plus généralement, l’usage de l’IA en santé permet le développement d’outils de diagnostic et de dépistage.
L’intelligence artificielle pour un dépistage précoce de la maladie d’Alzheimer a montré des résultats prometteurs, à l’heure où de nouveaux traitements contre la maladie apparaissent sur le marché et ont prouvé leur efficacité à un stade débutant de la maladie.
Améliorer la prise en charge des patients grâce à l’IA
Après le domaine de la prévention, c’est au tour de la prise en charge de bénéficier des avancées apportées par l’intelligence artificielle. Parmi les pistes explorées, il s’agit surtout de soulager le personnel, d’améliorer l’organisation du travail et la qualité des soins, en déchargeant les professionnels de santé de certaines tâches administratives que l’IA peut automatiser mais aussi en facilitant l’aide au diagnostic et en rendant les processus de soins plus fluides. “Ces technologies pourraient permettre non seulement de libérer du temps médical, mais aussi d’améliorer la coordination entre les différents acteurs du système de santé. L’IA peut ainsi devenir un allié stratégique pour permettre aux soignants de se recentrer sur l’humain.”
Les projets incluent notamment des formations pour les professionnels aux usages de l’IA ainsi qu’un accompagnement des professionnels et des établissements pour la sélection de technologies numériques et de systèmes d’IA pertinents. Par exemple, la Haute Autorité de Santé (HAS) a publié en 2023 un “guide généraliste d’aide au choix des dispositifs médicaux numériques utilisés par les professionnels de santé,” incluant ceux qui reposent sur l’utilisation de l’IA.
Concernant l’usage de l’IA au sein des structures de soins, l’ANAP a mis en place depuis 2022 une plateforme dédiée au recueil de cas d’usage et aux retours d’expérience de solutions d’intelligence artificielle testées dans différents établissements sanitaires et médico-sociaux.
“La plateforme compte aujourd’hui une cinquantaine de solutions à la fois dans des CHRU, des CH, des groupes médico-sociaux ou des EHPAD de proximité et a rassemblé depuis sa création plus de 6000 visiteurs. Elle démontre que l’IA est diffusée dans des domaines aussi variés que l’aide au diagnostic ou la chirurgie augmentée mais également dans les fonctions administratives comme la réalisation du planning ou la génération de comptes-rendus médicaux.”
Parmi les exemples de solutions d’IA, on trouve notamment une aide à la détection des fractures sur images radiologiques déployée par le CH de Perpignan une analyse des questionnaires des patients permettant d’exploiter les réponses qualitatives et d’en dégager les tendances, une solution déployée au sein du groupement Colisée, ou encore, une oreille augmentée dans la chambre du résident pour détecter les anomalies sonores, les catégoriser et les prioriser dans l’alerte aux soignants, solution déployée au CHRU de Brest.
L’intelligence artificielle pour améliorer le parcours santé
L’accès aux soins fait également partie des domaines de la santé améliorés grâce à l’IA. Evoquant les difficultés d’accès aux soins dans certains territoires et les inégalités géographiques, l’état des lieux met en avant plusieurs avantages de l’usage de l’IA : “L’intelligence artificielle peut permettre notamment de mieux orienter les patients vers les structures adaptées, de développer des dispositifs de télémédecine et d’améliorer la gestion des rendez-vous médicaux.” Le gain essentiel réside dans la réduction des délais d’attente et la fluidification de l’accès aux soins avec un système de santé plus réactif et mieux adapté aux besoins de chacun.
Ainsi, l’usage de l’intelligence artificielle en santé apporte de nouvelles perspectives d’amélioration dans plusieurs domaines essentiels comme la prévention et le dépistage précoce, la prise en charge, le parcours santé, l’organisation du travail et la qualité des soins, tant sur le plan médical qu’administratif. Tandis que l’on fait face à une pénurie de professionnels, qui se ressent particulièrement dans certains secteurs géographiques, les nombreuses tâches qui peuvent être gérées par l’IA leur permettront de dégager un temps précieux et de se recentrer sur l’humain. Pour encadrer le recours à l’IA dans le domaine médico-social, un cadre réglementaire et l’élaboration de référentiels éthiques sont toutefois impératifs. Parmi ses objectifs, le ministère de la Santé et de l’Accès aux soins s’engage à “développer un cadre réglementaire et de bonnes pratiques pour sécuriser les usages et favoriser la confiance des professionnels et des patients.”
Etat des lieux : “Mettre l’intelligence artificielle au service de la santé”.
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