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Perte d’autonomie : 6 signes à repérer chez une personne âgée

La préservation de l’autonomie est une préoccupation fréquente chez les personnes âgées et représente une priorité de santé publique. Le vieillissement s’accompagne souvent de transformations physiques, cognitives ou psychologiques, mais comment savoir quand une personne âgée commence réellement à perdre son autonomie ? Identifier les premiers signaux d’alerte est essentiel pour mettre en place rapidement un accompagnement adapté, éviter les risques de chute ou d’isolement et préserver au maximum la qualité de vie.

Selon la Haute Autorité de Santé (HAS), la perte d’autonomie désigne “une difficulté ou une impossibilité pour une personne d’effectuer seule certains actes de la vie quotidienne” Il s’agit essentiellement des gestes répertoriés dans la grille AGGIR : toilette, alimentation, déplacements, transferts d’une position à l’autre… Elle peut être progressive ou soudaine, temporaire ou définitive. Le dépistage d’une perte d’autonomie repose sur l’observation de certains signaux d’alerte.

Près de 40% des situations de dépendance pourraient être évitées ou retardées

Avec le vieillissement de la population, la perte d’autonomie représente une priorité croissante de santé publique. Parmi les mesures gouvernementales prises récemment, le lancement du programme ICOPE repose sur l’importance de la prévention pour réduire la perte d’autonomie. En effet, grâce à un système d’auto-évaluation et à un encadrement ciblé par des professionnels formés, ce programme permet de repérer de manière précoce les premiers signes de perte d’autonomie. A l’origine de cette mesure, le constat que la perte d’autonomie n’est pas une fatalité liée à l’âge et la volonté de prioriser la prévention. En effet, selon les chiffres du Ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles chargé de déployer à l’échelle nationale le dispositif ICOPE lancé par l’OMS, jusqu’à 40 % des situations de dépendance pourraient être évitées ou retardées par des actions précoces.

Les signes à surveiller pour prévenir la perte d’autonomie

Grâce aux informations fournies dans le cadre du programme ICOPE et aux conseils fournis par plusieurs organismes comme la HAS ( Haute Autorité de Santé), Santé Publique France, le ministère des Solidarités, ou encore l’Assurance maladie, on peut définir 6 signes principaux à surveiller chez une personne âgées, qui peuvent indiquer les premiers signes d’une perte d’autonomie. 

1. Des difficultés dans les gestes du quotidien

Le premier signe, qui est souvent le plus visible, concerne les activités de la vie quotidienne. Il convient d’être particulièrement attentif si l’on constate les comportements suivants : 

  • des difficultés à se lever du lit ou d’un fauteuil
  • une toilette négligée ou moins fréquente
  • des vêtements inadaptés ou portés plusieurs jours
  • des oublis de repas ou un frigo vide
  • des difficultés à faire les courses ou le ménage

En général, ces changements ne traduisent pas seulement une fatigue passagère ou une baisse d’aptitudes liée à l’âge, mais peuvent révéler une perte progressive de capacités fonctionnelles de mobilité, de préhension ou de coordination. Si ces gestes autrefois simples deviennent complexes ou sont évités, c’est un signal à ne pas négliger.

Il est recommandé d’observer la personne dans son quotidien. Si elle semble moins active, si elle a du mal à utiliser ses ustensiles de cuisine, ou si elle abandonne certaines tâches du quotidien qu’elle parvenait à faire auparavant, il ne faut pas hésiter à l’aider à consulter un professionnel de santé capable d’évaluer s’il y a bien une perte d’autonomie et quelle en est la cause. 

2. Des troubles de la mémoire ou de l’orientation

Un oubli occasionnel peut arriver à tout âge. Cependant, chez une personne âgée, il est important de distinguer certaines pertes de mémoire bénignes d’un véritable trouble cognitif débutant, qui pourrait notamment représenter un symptôme d’une pathologie neurodégénérative comme Alzheimer. Il est possible de différencier la maladie d’Alzheimer de simples pertes de mémoire, grâce à certains signes.

Les signes évocateurs d’un trouble cognitif sont notamment :

  • des oublis répétés de rendez-vous ou d’événements récents
  • des difficultés à suivre une conversation ou un programme télévisé
  • le fait de se perdre dans un quartier familier
  • la confusion sur la date ou la saison.

3. Des troubles de l’équilibre et des chutes fréquentes

La perte d’autonomie et les troubles cognitifs s’accompagnent souvent d’instabilité posturale ou de troubles de la marche. Ces signes peuvent passer inaperçus mais doivent alerter car ils augmentent fortement le risque de chutes, principales causes d’hospitalisation et de dépendance chez les plus de 75 ans.

Selon Santé Publique France, une personne sur trois de plus de 65 ans chute au moins une fois par an. Or, avec une prise en charge adaptée comprenant notamment de la kinésithérapie en gériatrie, il est souvent possible d’atténuer considérablement les risques de chutes. 

Parmi les signes précurseurs : 

  • Hésitations ou lenteur lors des déplacements
  • Modification de la démarche
  • Appui systématique sur les murs ou les meubles
  • Peur de tomber, évitement de certains trajets (escaliers, extérieur)
  • Usage nouveau d’une canne ou d’un déambulateur.

Un bilan de la marche ou de l’équilibre peut être réalisé par un médecin ou un kinésithérapeute. Le programme national ICOPE inclut notamment une évaluation des fonctions locomotrices pour toutes les personnes à partir de  60 ans.

4. Une perte de poids inexpliquée ou une dénutrition

Une perte d’autonomie est souvent précédée ou accompagnée par une diminution de l’appétit, une perte de poids, voire une dénutrition. A long terme, une alimentation insuffisante ou trop pauvre en vitamines et en minéraux essentiels crée un affaiblissement des muscles et une fragilisation des os, un terrain propice aux chutes et aux fractures. Par ailleurs, des troubles cognitifs ou une diminution des capacités physiques rendent plus compliquées la préparation et la prise des repas. L’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) estime que 4 à 10 % des personnes âgées vivant à domicile sont en situation de dénutrition, parfois sans s’en rendre compte. Chaque année, la Semaine nationale de la dénutrition regroupe de nombreuses initiatives pour sensibiliser et informer le grand public et les professionnels de santé sur la dénutrition, une “maladie silencieuse” qui, selon le Collectif de lutte contre la dénutrition, touche plus de 2 millions de personnes en France, dont un pourcentage élevé de personnes âgées. 

Les signes d’une dénutrition à surveiller sont notamment:

  • Des vêtements devenus trop grands
  • Un alimentation en quantité insuffisante ou peu variée
  • Des oublis de repas ou des plats non consommés
  • Des signes de fatigue chronique, chute de cheveux, peau sèche
  • Un refus de manger en présence d’autrui par honte de difficultés de mastication ou de déglutition.

Il est recommandé de surveiller régulièrement le poids des personnes âgées, de consulter régulièrement le médecin traitant et de faire appel aux conseils d’une diététicienne. Pour les personnes qui vivent à domicile, plusieurs aides peuvent être mises en place comme le portage des repas et l’aide aux courses.

5. Un repli sur soi ou une dépression masquée

La santé mentale joue un rôle crucial dans l’autonomie. Le repli sur soi, l’apathie ou la perte d’intérêt pour les activités habituelles sont parfois interprétés à tort comme une “fatigue normale liée à l’âge”, alors qu’ils peuvent révéler une situation plus grave comme un état dépressif, un isolement social sévère, une perte de repères émotionnels après un décès, un déménagement ou une maladie, pouvant, dans certains cas, conduire à un syndrôme de glissement. 

Les personnes âgées déprimées n’expriment pas toujours leur mal-être verbalement. Elles peuvent simplement adopter certains comportements comme refuser les visites ou les sorties, rester confinées toute la journée, éteindre la télévision ou la radio sans raison, ou encore souffrir d’un sommeil agité. 

Il est important de ne pas minimiser ces signaux. Un bon accompagnement et un suivi psychologique ainsi que des activités adaptées peuvent aider la personne à lutter contre l’isolement et à se sortir d’une dépression avant qu’elle s’installe et menace son autonomie.  

6. Une mauvaise gestion administrative ou financière

La perte d’autonomie peut aussi se manifester par des difficultés à gérer les documents courants, les factures ou les démarches administratives. C’est un signe souvent ignoré, mais révélateur d’un déclin cognitif ou organisationnel, que l’on constate notamment chez les personnes atteintes d’Alzheimer. On sera particulièrement attentifs en cas de courriers non ouverts ou qui s’amoncèlent, d’oublis de paiement, d’erreurs dans la gestion du compte bancaire ou de démarches habituelles non effectuées. 

Si les personnes âgées peuvent éprouver certaines difficultés face à une complexification des démarches officielles et à l’utilisation des outils numériques, une impuissance systématique et un manque d’intérêt pour la gestion des affaires courantes peuvent représenter des signes révélateurs. En proposant une aide administrative à la personne âgée, par un proche ou dans le cadre de services d’aide à domicile, on pourra davantage évaluer la situation et se rendre compte s’il s’agit de difficultés passagères ou d’un problème plus profond. 

Si plusieurs de ces signes sont observés chez un proche, il est essentiel de ne pas attendre. La perte d’autonomie n’est pas une fatalité, mais plus elle est prise en charge tôt, plus il est possible de ralentir son évolution et d’adapter l’environnement. Il est recommandé de procéder délicatement et de parler à la personne sans la brusquer. On pourra ainsi prendre rendez-vous chez le médecin traitant pour une évaluation globale ou proposer à l’intéressé de pratiquer une auto-évaluation grâce aux outils du programme ICOPE. Avec l’aide de professionnels comme des assistantes de service social, il sera alors possible de mettre en place, le cas échéant, des solutions adaptées comme des aides à domicile et l’aménagement du domicile. 

Dans de nombreux cas, la perte d’autonomie ne survient pas du jour au lendemain mais s’installe insidieusement, à travers des signaux faibles mais révélateurs. Repérer les premiers signes chez une personne âgée permet d’agir à temps et de mettre en place des solutions préventives ou d’accompagnement. La prévention reste le meilleur outil pour repousser la dépendance. Les autorités sanitaires recommandent des actions simples mais efficaces dès 60 ans comme la pratique d’une activité physique régulière, la préservation d’une vie sociale active, un suivi médical adapté et une évaluation régulière des capacités à l’aide des bilans prévus à cet effet. 

Sophie B.

Rédactrice, journaliste presse et web passionnée de lettres et de belles lettres, Sophie dispose d’une grande expérience dans le domaine de la rédaction. A la recherche de la satisfaction des lecteurs, Sophie s’attache à la clarté du sens autant qu’à la beauté du verbe. Un diplôme de Sciences Politiques tout comme une formation d’enseignante lui permettent d’allier justesse, dynamisme et rigueur au service d’un contenu unique et recherché. Elle part sans cesse à la recherche de la réalité du terrain. Ses investigations auprès des publics concernés et les interviews qu’elle mène avec professionnalisme rendent son contenu vivant et instructif. Depuis plusieurs années, Sophie met sa plume et son expertise au service des seniors, afin d’approfondir de manière claire et rigoureuse les thématiques qui les touchent de près.

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