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Quelle est l’espérance de vie avec Alzheimer ?

En France, près d’un million de personnes sont touchées par Alzheimer et 225 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année. Cette maladie neurodégénérative représente la première cause de démence chez les personnes âgées. L’une des inquiétudes fréquentes des familles concerne l’espérance de vie des malades et les causes qui peuvent conduire au décès. Combien d’années peut-on vivre avec cette maladie ? Quels sont les facteurs qui influencent ce pronostic ?

Une espérance de vie moyenne de 8 à 12 ans

Selon les données médicales actuelles, l’espérance de vie moyenne après un diagnostic de maladie d’Alzheimer se situe entre 8 et 12 ans. Ce chiffre représente une moyenne statistique qui peut varier considérablement d’une personne à l’autre en fonction de nombreux facteurs individuels. Certains patients vivent moins de cinq ans après le diagnostic, tandis que d’autres peuvent vivre vingt ans ou plus avec la maladie.

L’âge au moment du diagnostic constitue le facteur le plus déterminant. Pour les personnes diagnostiquées après 70 ans, l’espérance de vie se situe généralement entre 7 et 10 ans. Après 80 ans, elle est souvent comprise entre 5 et 8 ans. Ces chiffres reflètent le fait que les personnes diagnostiquées à un âge avancé ont naturellement une espérance de vie globale plus courte, indépendamment de la maladie d’Alzheimer elle-même.

Il est important de comprendre que ces statistiques ne constituent pas un verdict immuable. De nombreux facteurs individuels peuvent influencer la durée de vie avec la maladie, et les progrès dans la prise en charge permettent aujourd’hui à de nombreux patients de vivre plus longtemps et dans de meilleures conditions qu’auparavant.

La particularité des formes précoces de la maladie

La maladie d’Alzheimer touche principalement les personnes âgées, mais elle peut également se déclarer avant 65 ans. En France, plus de 65 000 personnes de moins de 65 ans sont concernées par Alzheimer ou une pathologie apparentée, ce qui représente environ 4% de l’ensemble des cas. Ces formes précoces présentent des particularités qu’il est important de connaître.

Les formes précoces sont plus fréquemment associées à des facteurs génétiques. Environ 10% des personnes atteintes d’Alzheimer avant 65 ans présentent des formes héréditaires de la maladie. Pour environ une personne sur 100, la maladie d’Alzheimer est causée par un gène défectueux qui a été transmis par les parents. Ces formes génétiques peuvent toucher plusieurs membres d’une même famille et se manifestent souvent par une évolution particulière de la maladie.

L’impact d’un diagnostic précoce est considérable sur le plan personnel, familial et professionnel. La personne se trouve souvent en pleine activité, avec des responsabilités professionnelles et familiales importantes. Par ailleurs, le déclin des fonctions cérébrales chez les patients jeunes est souvent plus rapide. La progression de la maladie entraîne une perte progressive des capacités qui affecte tous les aspects de la vie quotidienne et nécessite une réorganisation complète du mode de vie.

Alzheimer n’est pas une cause directe de décès

Il est important de préciser que la maladie d’Alzheimer elle-même n’est pas directement mortelle. Les personnes atteintes décèdent généralement de complications liées à la progression de la maladie. Ces complications surviennent principalement aux stades avancés, lorsque la personne devient très dépendante.

La pneumonie d’inhalation représente la principale cause de décès chez les patients atteints d’Alzheimer. En effet, au fil de la progression de la maladie, les troubles de la déglutition s’aggravent. La personne a de plus en plus de difficultés à avaler correctement les aliments et les liquides. Ces difficultés entraînent des fausses routes, où la nourriture ou les liquides passent dans les voies respiratoires au lieu de l’œsophage. Ces fausses routes provoquent des infections pulmonaires qui peuvent rapidement devenir graves chez des personnes affaiblies.

La dénutrition et la déshydratation constituent d’autres complications fréquentes. Lorsque la personne ne parvient plus à s’alimenter correctement, elle présente une perte de poids importante qui affaiblit son organisme. Le manque d’apport nutritionnel rend le corps plus vulnérable aux infections et réduit sa capacité à récupérer.

L’immobilité prolongée aux stades terminaux entraîne également diverses complications. Les escarres se développent sur les zones de pression du corps, créant des plaies qui peuvent s’infecter. Les infections urinaires deviennent plus fréquentes. Les phlébites peuvent se former dans les jambes et se compliquer d’embolies pulmonaires. Pour mieux comprendre les manifestations de ces dernières étapes, se préparer émotionnellement et prévoir l’accompagnement de fin de vie, on peut apprendre à reconnaître les signes de fin de vie pour un malade Alzheimer.

Les facteurs qui influencent l’espérance de vie

L’état de santé général au moment du diagnostic a un impact important sur l’évolution de la maladie. Les personnes âgées présentent souvent d’autres pathologies chroniques comme le diabète, l’hypertension artérielle, les maladies cardiovasculaires ou respiratoires. Ces maladies associées, appelées comorbidités, peuvent aggraver les symptômes d’Alzheimer et accélérer sa progression. Un organisme affaibli par plusieurs pathologies dispose de moins de ressources pour faire face aux complications.

Le moment où la maladie est diagnostiquée joue également un rôle. Un diagnostic précoce permet de mettre rapidement en place un traitement et une prise en charge adaptés. Les médicaments disponibles sont plus efficaces lorsqu’ils sont administrés dès les premiers stades de la maladie. À l’inverse, un diagnostic tardif limite les possibilités d’intervention et réduit les bénéfices potentiels des traitements.

La qualité de la prise en charge influence le pronostic de manière significative. Un suivi médical régulier, des traitements bien ajustés, un accompagnement pluridisciplinaire incluant des activités de stimulation cognitive, de l’activité physique adaptée et un soutien psychologique peuvent améliorer la qualité de vie et potentiellement allonger l’espérance de vie. Les patients qui bénéficient d’un environnement sécurisé, d’une alimentation adaptée et de soins attentifs présentent généralement une meilleure évolution.

L’entourage familial et le soutien social constituent également des éléments importants. Les personnes entourées de leurs proches et bénéficiant d’un accompagnement de qualité ont une meilleure surveillance, une détection plus précoce des complications et un bien-être général qui peut influencer positivement le pronostic.

La progression de la maladie par stades

La maladie d’Alzheimer évolue progressivement à travers différents stades qui s’étalent sur plusieurs années. Comme l’indique l’échelle de Reisberg, utilisée depuis 1982 pour décrire l’évolution de la maladie, on distingue généralement sept stades de progression. Cependant, la Fondation Vaincre Alzheimer propose une classification plus simple en trois stades principaux.

Le stade débutant ou léger peut durer de 1 à 5 ans, voire plus avec les traitements. Les troubles de la mémoire sont légers et touchent principalement l’acquisition de nouvelles informations. La personne oublie des événements récents, égare ses affaires, a des difficultés à trouver ses mots. Elle reste autonome pour la plupart des activités quotidiennes, même si certaines tâches complexes deviennent plus difficiles.

Le stade modéré constitue la phase la plus longue de la maladie et peut durer jusqu’à dix ans. L’amnésie s’aggrave et s’accompagne d’autres troubles. L’aphasie se manifeste par des difficultés de langage et un manque de mots. L’apraxie correspond à une incapacité à effectuer certains gestes et à manipuler des objets du quotidien. L’agnosie affecte la capacité à reconnaître les objets. La désorientation spatiale et les troubles du raisonnement compliquent de plus en plus la vie quotidienne. La personne a besoin d’aide pour s’habiller, se laver et préparer ses repas.

Le stade sévère ou terminal peut durer jusqu’à 3 ans, parfois davantage. La personne devient totalement dépendante pour tous les actes de la vie quotidienne. Ce stade se termine par le décès, généralement des suites d’une complication. Selon les données disponibles, l’espérance de vie à partir du stade modéré à sévère se situe entre 4 et 9 ans.

Les traitements et approches non médicamenteuses pour ralentir la progression

Bien qu’il n’existe pas encore de traitement curatif de la maladie d’Alzheimer autorisé en France à l’heure actuelle, plusieurs médicaments peuvent atténuer temporairement les symptômes cognitifs. Le donépézil, la rivastigmine, la galantamine et la mémantine sont utilisés pour améliorer les capacités cognitives et retarder la perte d’autonomie. Ces traitements sont plus efficaces lorsqu’ils sont mis en place précocement et peuvent améliorer la qualité de vie pendant plusieurs mois à quelques années.

L’activité physique régulière présente des bénéfices documentés. L’exercice améliore la circulation sanguine cérébrale et aide à maintenir les capacités motrices. Même des activités simples comme la marche quotidienne peuvent avoir un impact positif. L’exercice contribue également à prévenir les chutes, qui représentent un risque important chez les personnes atteintes d’Alzheimer.

La stimulation cognitive joue un rôle dans le maintien des capacités intellectuelles. Les activités qui sollicitent la mémoire, le raisonnement et la concentration peuvent aider à préserver les fonctions cognitives plus longtemps. Ces activités doivent être adaptées aux capacités de la personne et rester source de plaisir.

L’alimentation mérite une attention particulière. Un régime équilibré, riche en fruits, légumes et poissons, contribue au bon fonctionnement de l’organisme. Il est important de veiller à ce que la personne s’alimente suffisamment et s’hydrate correctement, ce qui devient de plus en plus difficile avec la progression de la maladie. Les repas peuvent être adaptés en texture lorsque les troubles de la déglutition apparaissent.

Le maintien des liens sociaux et des activités sociales est bénéfique. Continuer à voir sa famille, participer à des activités adaptées et maintenir des interactions sociales stimule la personne et contribue à son bien-être. Ces interactions aident également à lutter contre l’isolement et la dépression qui peuvent accompagner la maladie.

L’organisation de l’accompagnement

Dans les premiers stades de la maladie, le maintien à domicile est généralement possible avec des aménagements et une aide adaptée. La sécurisation du logement, la mise en place de repères et l’intervention d’aides à domicile permettent de préserver l’autonomie de la personne. Des aménagements simples comme l’installation de barres d’appui, l’amélioration de l’éclairage et la suppression des obstacles réduisent les risques de chute.

Les aidants familiaux jouent un rôle central dans l’accompagnement, mais cette fonction peut devenir épuisante. Il est important que les aidants puissent bénéficier de moments de répit pour préserver leur propre santé. Des solutions comme l’accueil de jour ou l’hébergement temporaire permettent aux aidants de se reposer tout en assurant une prise en charge de qualité pour le patient.

Lorsque le maintien à domicile devient trop difficile, l’entrée en Ehpad peut être envisagée. De nombreux établissements disposent d’unités spécialisées pour les personnes atteintes d’Alzheimer, offrant un environnement sécurisé et adapté. Le personnel formé à cette pathologie peut gérer les troubles du comportement et proposer des activités adaptées aux capacités des résidents.

Dans les derniers stades de la maladie, un accompagnement en soins palliatifs peut être mis en place. L’objectif est alors de soulager les souffrances, d’assurer le confort de la personne et d’accompagner les proches. Ces soins peuvent être dispensés à domicile, en Ehpad ou en unité spécialisée.

Ainsi, l’espérance de vie avec la maladie d’Alzheimer varie considérablement d’une personne à l’autre, avec une moyenne située entre 8 et 12 ans après le diagnostic, mais parfois davantage. Cette durée dépend principalement de l’âge au diagnostic, de l’état de santé général, de la présence d’autres pathologies et de la qualité de la prise en charge.

La maladie d’Alzheimer elle-même n’est pas directement mortelle, mais les complications qui surviennent aux stades avancés, notamment les pneumonies d’inhalation liées aux troubles de la déglutition, constituent la principale cause de décès. La dénutrition, la déshydratation et les complications liées à l’immobilité représentent également des risques importants.

Une prise en charge adaptée incluant des traitements médicamenteux, de la stimulation cognitive, de l’activité physique et un accompagnement de qualité peut améliorer la qualité de vie et potentiellement influencer l’évolution de la maladie. L’accompagnement doit s’adapter constamment aux besoins qui évoluent, du maintien à domicile dans les premiers temps jusqu’aux soins palliatifs en fin de vie.

Sophie B.

Rédactrice, journaliste presse et web passionnée de lettres et de belles lettres, Sophie dispose d’une grande expérience dans le domaine de la rédaction. A la recherche de la satisfaction des lecteurs, Sophie s’attache à la clarté du sens autant qu’à la beauté du verbe. Un diplôme de Sciences Politiques tout comme une formation d’enseignante lui permettent d’allier justesse, dynamisme et rigueur au service d’un contenu unique et recherché. Elle part sans cesse à la recherche de la réalité du terrain. Ses investigations auprès des publics concernés et les interviews qu’elle mène avec professionnalisme rendent son contenu vivant et instructif. Depuis plusieurs années, Sophie met sa plume et son expertise au service des seniors, afin d’approfondir de manière claire et rigoureuse les thématiques qui les touchent de près.

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