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L’espoir d’un vaccin contre Alzheimer : un tournant dans la prévention

La recherche dans le domaine d’Alzheimer avance à grands pas. Après plusieurs traitements d’immunothérapie commercialisés aux Etats-Unis, puis récemment, en Europe et l’émergence de nouvelles pistes de diagnostic précoce, c’est au tour du vaccin de faire ses preuves pour protéger de la démence. Un nouveau candidat s’apprête à être soumis à des essais cliniques chez l’humain, une victoire de plus dans la lutte contre la maladie d’Alzheimer. A l’aube de la journée mondiale contre Alzheimer qui sera célébrée le 21 septembre prochain, cette avancée représente une nouvelle lueur d’espoir pour 1,4 million de personnes concernées en France. 

La maladie d’Alzheimer est la première cause de démence dans le monde. En France, on estime à 1,4 million, le nombre de personnes atteintes par Alzheimer ou une maladie apparentée, un chiffre en constante augmentation, qui devrait doubler d’ici 2025. 

Pour faire face à ce fléau qui touche durement non seulement les malades mais aussi les proches, de nombreux travaux de recherche sont menés sans relâche à travers le monde dans tous les domaines de la lutte contre Alzheimer : prévention, diagnostic, prise en charge et traitements. 

Parmi eux, des chercheurs de l’Université américaine du Nouveau-Mexique ont présenté le 27 mars 2025 dans le journal de l’Association Alzheimer’s & Dementia les résultats encourageants des tests d’un nouveau candidat vaccin effectués sur des souris et des primates. Tous les éléments sont réunis pour que ce vaccin puisse être testé chez les hommes.

Une approche innovante de vaccin ciblant la protéine Tau

La notion de vaccin pour protéger de la démence n’est pas nouvelle pour la recherche scientifique. Cependant, il s’agissait jusqu’à présent, essentiellement, de vaccins non spécifiques à Alzheimer, ciblant d’autres maladies comme le zona ou la tuberculose. En effet, d’après une étude publiée le 2 avril 2025 dans la célèbre revue scientifique Nature, la vaccination contre le zona pourrait réduire de 20% les risques de développer une démence dans les 7 années qui suivent l’injection.

Les chercheurs de l’Université du Nouveau-Mexique ont, quant à eux, présenté leurs résultats concernant cette fois-ci un vaccin spécifique contre la maladie d’Alzheimer ciblant la protéine tau dont l’accumulation anormale est caractéristique de la maladie d’Alzheimer et d’autres tauopathies. En effet, la maladie d’Alzheimer provient de l’agrégation de tau (enchevêtrements neurofibrillaires) à l’intérieur des neurones, perturbant le transport des nutriments et entraînant la mort cellulaire, et de la présence de plaques amyloïdes causées par une accumulation anormale du peptide bêta-amyloïde entre les neurones.   

La protéine tau est présente naturellement dans notre cerveau et participe au maintien de la structure des neurones. Mais, chez les malades d’Alzheimer, des phosphorylations modifient le fonctionnement de la protéine tau qui s’agrège et ne parvient plus à stabiliser la structure des neurones. 

Comment fonctionne le vaccin ? 

Le nouveau candidat vaccin, pT181-Qß, cible justement la protéine tau et plus particulièrement la protéine tau phosphorylée au niveau de la thréonine 181 (p-tau181), un biomarqueur de la maladie d’Alzheimer.  

Ce vaccin utilise une plateforme de particules virales semblables à des virus (VLP) pour aider le système immunitaire à identifier et à éliminer les protéines tau phosphorylées. Ainsi, le but de vaccin est de stimuler la production d’anticorps capables de se lier à cette forme altérée de tau, facilitant ainsi son élimination par le système immunitaire, avant qu’elle puisse former des agrégats et sans attaquer les protéines tau saines. 

Des résultats d’essais précliniques encourageants sur des souris et des macaques

Les chercheurs ont mené des essais de leur candidat vaccin sur deux modèles de souris transgéniques. Le premier groupe de souris a été modifié génétiquement pour développer une forme pathologique de tau causant un déclin cognitif comparable à celui des humains atteints d’Alzheimer. Chez le second, les souris ont été modifiées pour produire la protéine tau humaine. 

Après deux doses du vaccin à quatre semaines d’intervalle, on a constaté dans le premier groupe de souris que l’administration du vaccin induisait une forte réponse immunitaire, réduisait l’étendue des enchevêtrements neurofibrillaires et améliorait les performances cognitives, des résultats confirmés sur le second modèle murin.

Des tests sur des macaques, effectués ensuite par les chercheurs pour s’assurer de la sécurité du vaccin sur des candidats beaucoup plus proches des humains, ont également révélé une réponse immunitaire durable et une liaison efficace des anticorps à la tau humaine, suggérant une pertinence pour l’homme. 

Par ailleurs, l’administration de trois doses à intervalle sur ces primates n’a pas entrainé d’effets secondaires graves, contrairement à d’autres vaccins testés par le passé qui avaient donné de bons résultats sur la souris mais avaient provoqué une inflammation du cerveau lors des tests sur les humains. 

Au vu de ces résultats concluants sur les souris et les macaques, le vaccin pT181-Qß devrait prochainement entrer dans une phase 1 clinique, visant à évaluer la sécurité et la réponse immunitaire chez un petit groupe de volontaires. Si les résultats sont positifs, les essais de phase 2 mesurant l’efficacité pourraient suivre dans les 1 à 2 années suivantes, avec une phase 3 envisageable vers 2027 ou 2028.

Ainsi, les tests réalisés pour ce candidat vaccin ciblant la protéine tau représente une étape majeure dans la lutte contre la maladie d’Alzheimer. En stimulant le système immunitaire pour éliminer la tau phosphorylée, il offre une approche préventive innovante qui pourrait, à terme, ralentir ou limiter le développement de la démence. Les résultats prometteurs obtenus chez les souris et les macaques ouvrent la voie à des essais cliniques chez l’homme, laissant entrevoir une nouvelle lueur d’espoir pour les millions de personnes concernées par Alzheimer et leurs proches. Si ces essais se confirment, le vaccin pourrait devenir un outil précieux pour réduire l’impact de cette maladie qui touche chaque année de plus en plus de familles dans le monde.

Sources : Sciences et Avenir / Alzheimer’s & Dementia

Sophie B.

Rédactrice, journaliste presse et web passionnée de lettres et de belles lettres, Sophie dispose d’une grande expérience dans le domaine de la rédaction. A la recherche de la satisfaction des lecteurs, Sophie s’attache à la clarté du sens autant qu’à la beauté du verbe. Un diplôme de Sciences Politiques tout comme une formation d’enseignante lui permettent d’allier justesse, dynamisme et rigueur au service d’un contenu unique et recherché. Elle part sans cesse à la recherche de la réalité du terrain. Ses investigations auprès des publics concernés et les interviews qu’elle mène avec professionnalisme rendent son contenu vivant et instructif. Depuis plusieurs années, Sophie met sa plume et son expertise au service des seniors, afin d’approfondir de manière claire et rigoureuse les thématiques qui les touchent de près.

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