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Comment accompagner les personnes précaires vieillissantes?

Les derniers rapports de l’INSEE confirment un phénomène croissant de vieillissement de la population française qui devrait s’accentuer sur les années à venir. Tandis que le taux de pauvreté des personnes âgées est en hausse depuis 2015, l’Uniopss appelle à la mobilisation et émet ses préconisations quant à l’accueil en Ehpad et l’accompagnement des personnes précaires vieillissantes.  

Dans son rapport du 29 avril 2025, l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) expose plusieurs scénarios qui prévoient que le nombre de personnes de 85 ans ou plus pourrait doubler d’ici 2050 en Normandie, une tendance qui s’inscrit dans un schéma général de vieillissement de la population française. 

Dans la 9ème édition de son rapport consacré aux personnes âgées paru le 29 septembre 2024, à l’occasion de la journée internationale des personnes âgées, l’association Les Petits Frères des Pauvres dresse un bilan alarmant des conditions de vie des personnes âgées. “Le taux de pauvreté des personnes âgées est en hausse depuis 2015 pour atteindre aujourd’hui les 11 % et jusqu’à 18 % pour les aînés vivant seuls”.

Dans un tel contexte, l’Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux (Uniopss) appelle à la mobilisation et émet des recommandations pour apporter des solutions concrètes de logement adapté aux personnes âgées en situation de précarité.

2 millions de personnes âgées en dessous du seuil de pauvreté

Avec le vieillissement de la population, plusieurs enjeux se trouvent au centre des politiques publiques et révèlent une situation urgente. C’est le cas notamment des conditions financières des personnes âgées et des solutions d’hébergement adaptées à leurs besoins. 

Dans son rapport de 2024, Les Petits Frères des Pauvres se penchent sur “les conditions de vie et les privations des personnes de plus de 60 ans”. Ils constatent en effet qu’en 2024, plus de 2 millions de personnes de 60 ans et plus vivent sous le seuil de pauvreté fixé à 1 216 € pour une personne seule. Une situation de précarité qui touche plus particulièrement les femmes âgées. Bien que les personnes âgées sans ressources peuvent prétendre à l’Allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA), cette allocation reste en dessous du seuil de pauvreté puisque le montant maximal alloué est de 1 012,02 € par mois en 2024 pour une personne qui vit seule et de 1 034,28 € en 2025. 

Or, la précarité entraîne souvent d’autres problèmes pour les personnes âgées comme un manque d’activités, une situation d’isolement et de repli sur soi, un manque d’aides et un hébergement au sein de structures inadaptées à leurs besoins. En effet, le rapport des Petits Frères des Pauvres montre que 69 % des personnes âgées pauvres ont connu au moins une privation ces douze derniers mois dans l’un des domaines suivants : lien social, chauffage, alimentation, santé, 37 % des personnes âgées pauvres se sentent abandonnées au sein de la société et plus d’une personne âgée pauvre sur 2 ne bénéficie d’aucune aide et s’estime mal informée. 

Adapter les Ehpad aux personnes âgées en situation de précarité

Sur le constat alarmant du nombre croissant de personnes âgées en situation de précarité, sociale, économique ou sanitaire, accueillies dans des structures inadaptées, l’Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux (Uniopss) propose, dans son étude publiée début avril, plusieurs pistes de solutions et notamment de faciliter et valoriser l’accueil en Ehpad pour ces personnes.

Lors d’une conférence de presse organisée à Paris le jour de la parution de l’étude, Gilles Desrumaux, président du groupe prévention-hébergement-logement de l’association, a fait un constat inquiétant:”Entre 15 et 20% des personnes qui sont en hébergement d’urgence ou en centre d’hébergement et de réinsertion sociale [CHRS] ont plus de 50-60 ans”, une avancée en âge des plus précaires qui selon lui, au vu des données disponibles, pourrait concerner entre 30.000 et 40.000 personnes (Gerontonews).

L’accueil des personnes précaires vieillissantes concerne de plus en plus les Ehpad et il est nécessaire de les aider à adapter leur offre aux besoins spécifiques de ces personnes. 

Pour ce faire, l’Uniopss émet plusieurs recommandations pour surmonter les difficultés relatives aux ressources limitées, à l’obtention de l’aide sociale à l’hébergement (ASH) qui peut représenter un frein à l’entrée en Ehpad, ainsi qu’au critère de l’âge. 

Concrètement, prendre en compte les ressources limitées signifierait notamment financer les places en fonction du niveau de précarité et non uniquement en fonction de la dépendance (Gir) et financer des temps de coordination avec d’autres professionnels. Quant à l’ASH, l’Uniopss évoque des délais de traitement des demandes particulièrement longs et des démarches administratives complexes. Elle recommande donc de fixer un délai légal, par exemple de 3 mois, “afin de financer l’hébergement si le dossier n’est finalement pas recevable au-delà du délai légal de traitement ».

Concernant l’âge, l’Uniopss rappelle que « les personnes qui ont eu un parcours de rue peuvent avoir des niveaux de dépendance élevés relevant de l’Ehpad avant d’avoir atteint [60 ans] » et préconise une généralisation des dérogations accordées dans certains départements.  

Favoriser les petites structures et l’habitat inclusif

Face à la nécessité de “diversifier les solutions” d’accueil pour l’accompagnement des personnes précaires vieillissantes, l’Uniopss recommande de relancer les appels à projets pour les petites unités de vie et le développement de l’habitat inclusif, qu’elle considère comme “pertinent en termes d’accueil des plus précaires”, malgré certains freins comme “le nombre limité de projets et la fragilité de son modèle économique.”

Elle préconise donc de “sécuriser le financement des porteurs de projet au-delà de 2029” et de « renforcer le financement de l’ingénierie en amont au moment du montage du projet » ainsi que « les coûts RH ».

Dans un contexte de vieillissement de la population et du nombre croissant de personnes précaires vieillissantes, l’étude de l’Uniopss apporte un éclairage important sur la nécessité de trouver de nouvelles solutions d’hébergement et de remodeler les modèles existants pour les adapter à ces besoins spécifiques. Si le niveau d’autonomie est un critère important pour le choix d’une solution d’hébergement, il est essentiel de tenir compte également des facteurs socio-économiques des personnes âgées à la recherche d’une structure d’hébergement.  

Sources : Gerontonews /Les Petits Frères des Pauvres/Insee (rapport du 29 avril 2025)

Sophie B.

Rédactrice, journaliste presse et web passionnée de lettres et de belles lettres, Sophie dispose d’une grande expérience dans le domaine de la rédaction. A la recherche de la satisfaction des lecteurs, Sophie s’attache à la clarté du sens autant qu’à la beauté du verbe. Un diplôme de Sciences Politiques tout comme une formation d’enseignante lui permettent d’allier justesse, dynamisme et rigueur au service d’un contenu unique et recherché. Elle part sans cesse à la recherche de la réalité du terrain. Ses investigations auprès des publics concernés et les interviews qu’elle mène avec professionnalisme rendent son contenu vivant et instructif. Depuis plusieurs années, Sophie met sa plume et son expertise au service des seniors, afin d’approfondir de manière claire et rigoureuse les thématiques qui les touchent de près.

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