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Aidant salarié : comment concilier vie professionnelle et accompagnement d’un proche

En France, entre 8 et 11 millions de personnes accompagnent au quotidien un proche en situation de dépendance, de handicap ou atteint d’une maladie chronique. Parmi elles, plus de la moitié exerce encore une activité professionnelle. Ce double rôle, souvent choisi par amour ou par devoir familial, peut rapidement devenir un véritable défi. Entre fatigue, charge mentale, démarches administratives et inquiétudes financières, les aidants salariés cumulent de nombreuses responsabilités.
Quels sont les droits et les aides disponibles pour les aidants salariés? Quelles solutions concrètes pour mieux vivre cette situation?

Qu’est-ce qu’un aidant salarié ?

On parle d’aidant salarié lorsqu’une personne soutient régulièrement un proche en perte d’autonomie, par exemple, un parent âgé, un conjoint, ou un enfant handicapé, tout en étant elle-même active professionnellement. C’est  le cas aujourd’hui en France d’environ 60% des aidants, une proportion déjà importante qui devrait augmenter sur les prochaines années dans un contexte de vieillissement de la population. 

L’aide apportée par l’aidant peut prendre plusieurs formes : accompagnement aux soins, courses, gestion administrative, présence quotidienne, coordination avec les professionnels de santé, etc. Si la présence de l’aidant est essentielle pour l’équilibre affectif et psychologique de la personne, celui-ci joue souvent un rôle qui va bien au-delà et représente un véritable repère dans son quotidien. 

Ce rôle, souvent non préparé, s’ajoute à la vie de famille et au travail, générant un équilibre parfois fragile entre vie personnelle et obligations professionnelles.

Quels sont les droits des salariés aidants ?

Il n’existe pas de statut juridique officiel d’aidant. Cependant, plusieurs sources juridiques encadrent ce rôle et donnent accès à certains droits. Dans le cadre de démarches relatives à une demande d’aides financières ou de congé de proche aidant, il est notamment possible de se déclarer aidant familial ou proche aidant auprès des organismes concernés, afin de pouvoir bénéficier de ces aides.

Malgré l’absence d’un statut juridique, le rôle d’aidant fait l’objet d’une meilleure reconnaissance depuis quelques années, une prise de conscience des pouvoirs publics qui a donné lieu à plusieurs dispositifs d’aides, notamment pour les aidants actifs professionnellement. Ces dispositifs permettent en effet d’aménager le temps de travail des aidants salariés afin de créer un équilibre entre vie professionnelle, vie personnelle et rôle d’aidant, diminuer la surcharge mentale et physique et aménager le temps de travail sans souffrir d’une grave perte de revenus.   

Le congé de proche aidant

Le congé de proche aidant permet à tout salarié de suspendre ou de réduire son activité pour s’occuper d’un proche en perte d’autonomie ou handicapé. Ce congé est d’une durée maximale de 3 mois, renouvelable, dans la limite d’un an sur l’ensemble de la carrière. Cette durée peut également être fractionnée et transformée en travail à temps partiel si l’employeur le consent. 

Le congé de proche aidant n’est pas rémunéré par l’employeur mais, depuis quelques années, il donne droit à une indemnisation de la CAF (ou de la MSA), qui est l’allocation journalière du proche aidant (AJPA). Cette indemnisation ne peut pas dépasser 66 jours au total mais peut être perçue pour plusieurs proches aidés, au maximum 4. Ainsi, un aidant salarié qui perçoit l’AJPA pour 4 personnes aidées peut toucher l’allocation sur une période de 264 jours (66×4). 

Au 1er janvier 2025, le montant de l’allocation journalière du proche aidant est fixé à 65,80 € par jour, que l’on peut fractionner en demi-journées.
La demande de congé de proche aidant est à remettre à l’employeur avec les justificatifs nécessaires. Une fois le congé validé, l’aidant peut faire une demande d’AJPA auprès de la CAF ou de la MSA en téléchargeant et en remplissant le formulaire disponible sur leur site. 

Le congé de solidarité familiale

Le congé de solidarité familiale fonctionne sur le même principe que le congé de proche aidant, mais correspond à une aide spécifique pour l’accompagnement d’un proche en fin de vie. Il s’agit en effet d’un dispositif légal qui autorise un salarié à suspendre temporairement son contrat de travail pour accompagner une personne souffrant d’une maladie grave et incurable, en phase avancée ou terminale. Ce congé est également indemnisé par une allocation journalière d’accompagnement :  l’AJAP.

L’aménagement du temps de travail

La problématique des salariés aidants est de plus en plus présente dans le monde du travail. Même si l’aménagement du temps de travail dépend surtout du contrat de travail et des arrangements entre chaque salarié et l’entreprise, certains accords d’entreprise ou conventions collectives prévoient plusieurs dispositifs pouvant être accordés en cas d’aidance comme des horaires aménagés, du télétravail partiel, des jours de congés supplémentaires ou un temps partiel choisi sans rupture de contrat. Ces solutions peuvent être mises en place de manière harmonieuse grâce à un climat empathique et bienveillant au sein de l’entreprise, pour répondre aux besoins spécifiques de chaque aidant tout en préservant la qualité de travail et la productivité des équipes. 

Par ailleurs, plusieurs décrets récents renforcent la reconnaissance des aidants et des aidants actifs professionnellement, en encourageant notamment les employeurs à proposer des dispositifs spécifiques, comme des chartes “salarié aidant” ou des plateformes de soutien. Certains aidants font encore face à un tabou et rencontrent des difficultés à parler de leur situation à leur entourage professionnel. Ils préfèrent assumer en silence sans demander d’aide ou même d’aménagement du temps de travail. Une partie d’entre eux ne sont parfois pas conscients de leur situation d’aidance, ignorent leurs droits et les aides possibles. Selon les informations fournies par France Travail, en moyenne, les salariés aidants sont âgés de 42,2 ans et consacrent 9,8 heures par semaine à s’occuper de leur(s) proche(s). Parmi eux, 44 % ont peur de perdre leur travail et vont plus facilement se confier à leurs collègues qu’à leur direction ou aux DRH. De plus, 74 % des salariés aidants sont favorables à l’instauration d’un « référent aidant » en entreprise, un chiffre qui s’élève à 85 % dès lors qu’il s’agit de bénéficier d’aides et de solutions personnalisées.

Quelles sont les aides financières pour les aidants salariés ?

Être aidant entraîne souvent une baisse de revenus ou des dépenses supplémentaires de transport, matériel, soins et aménagement du domicile. Plusieurs aides financières peuvent venir soulager cette charge.

L’allocation journalière du proche aidant (AJPA)

Comme mentionné plus haut, l’AJPA est une allocation versée à un aidant salarié durant son congé de proche aidant. Celle allocation spécifique permet de compenser la perte de salaire pendant ce congé. Elle est versée pendant 66 jours maximum sur l’ensemble de la carrière et peut concerner jusqu’à 4 personnes aidées. 

Les aides au répit

Il existe plusieurs formes d’aides au répit comme les séjours de répit organisés par certaines caisses de retraite, associations ou plateformes d’aidants. Ces séjours permettent à l’aidant de souffler quelques jours, pendant que le proche est accueilli dans un établissement proposant des hébergements temporaires.

Les aides pour adapter le logement

Si le proche vit à domicile, il existe une série de solutions pour faciliter le maintien à domicile dans de bonnes conditions. Les aides à domicile sont précieuses pour soulager l’aidant dans son rôle. Par ailleurs, l’aménagement du domicile est essentiel au confort et à la sécurité du proche aidé, tout comme l’achat de certains équipements. 

Pour ces différents types d’aides, il est possible de bénéficier de plusieurs subventions de l’Etat :  

  • l’APA (Allocation personnalisée d’autonomie), qui prend en charge toutes les aides comprises dans le plan d’aide personnalisé, en totalité ou en partie, selon les revenus du bénéficiaire.
  • des aides de l’ANAH pour les aménagements du domicile comme la transformation d’une baignoire en douche de plain pied.
  • Certaines subventions des caisses de retraite pour sécuriser le logement (barres d’appui, douches adaptées, monte-escalier…).

Les avantages fiscaux

Les dépenses liées à l’emploi d’une aide à domicile peuvent ouvrir un droit à un crédit d’impôt de 50 %, même si c’est l’aidant qui emploie le salarié pour le compte du proche.

Quelles sont les démarches à effectuer ?

Pour bénéficier de ces aides, il est souvent nécessaire de prouver son rôle d’aidant à l’aide des justificatifs demandés. Dans le cadre de ces démarches, une évaluation de la dépendance du proche est souvent demandée. Il peut s’agir d’un certificat médical ou de l’évaluation du Gir pour l’APA.  Elle est réalisée par un professionnel du secteur médico-social.

Un fois ces justificatifs réunis, il faudra constituer un dossier auprès des organismes responsables, en fonction de l’aide demandée : mairie, CAF, conseil départemental, ainsi que la CPAM ou la MSA et informer l’employeur le plus tôt possible afin d’évaluer la solution adaptée. 

Les plateformes d’aide et de soutien aux aidants apportent une aide précieuse pour informer les aidants de leurs droits, les aider à effectuer les démarches et leur apporter un soutien psychologique. 

Conseils pour alléger la charge quotidienne

La clé pour tenir dans la durée et assumer son rôle d’aidant salarié sans risquer une surcharge physique ou mentale est de solliciter le maximum d’aides possibles et de ne pas rester seul. Voici quelques conseils pour alléger la charge quotidienne de l’aidant : 

Faire appel à des services d’aide à domicile

Des auxiliaires de vie ou infirmiers peuvent intervenir pour l’aide à la toilette, les repas ou les sorties. Ces services peuvent être financés par l’APA et donner droit à un remboursement par le crédit d’impôt. 

Bénéficier de l’aide proposée par les plateformes d’aidants

Des plateformes comme “Ma Boussole Aidants” ou “Aidants Connect” répertorient toutes les aides existantes et facilitent les démarches administratives en ligne. Par ailleurs, les plateformes d’aidants comme la Plateforme d’Accompagnement et de Répit des Aidants de la Fondation Odilon Lannelongue, ainsi que les associations comme France Alzheimer apportent une aide précieuse de conseils, d’écoute, de soutien aux aidants ainsi que la mise en place de solutions de répit et d’activités pour éviter la solitude et préserver une vie sociale active. 

Prendre du temps pour soi

S’accorder du temps de repos est essentiel pour préserver son équilibre et continuer à accompagner un proche dans de bonnes conditions. Les séjours de répit ou les accueils de jour offrent à l’aidant la possibilité de souffler, de se détendre, ou simplement de prendre du recul face au quotidien souvent exigeant de l’aide apportée. Pendant ce temps, la personne aidée est prise en charge par des professionnels, dans un cadre sécurisant et adapté à ses besoins.

Ces dispositifs sont souvent financés par la CAF, la MSA, les caisses de retraite, ou l’APA versée par le Conseil départemental, ce qui permet de réduire considérablement le coût pour les familles. Il est donc recommandé de se renseigner auprès de ces organismes afin de connaître les aides disponibles et les modalités de prise en charge.

Informer son entreprise

De plus en plus d’entreprises mettent en place des politiques RH adaptées aux aidants comme des jours de congés spécifiques, un soutien psychologique, ou des référents aidants. Parler de sa situation permet souvent d’obtenir un aménagement du travail plus équilibré et de profiter de dispositifs adaptés comme un congé de proche aidant. 

Ainsi, être aidant salarié, c’est conjuguer au quotidien engagement personnel et exigences professionnelles. Ce rôle, souvent discret mais essentiel, mérite d’être pleinement reconnu et soutenu. Les dispositifs existants, congés spécifiques, aides financières, solutions de répit ou aménagements du temps de travail, offrent des leviers concrets pour alléger la charge et préserver l’équilibre de vie.

Cependant, beaucoup d’aidants ignorent encore leurs droits ou hésitent à en parler dans leur environnement professionnel. Mieux informer, sensibiliser et encourager le dialogue au sein des entreprises sont des étapes clés pour faire évoluer les mentalités et construire une société plus solidaire envers ceux qui prennent soin d’un proche.

Se faire accompagner et utiliser les dispositifs disponibles permet de garantir la continuité et la qualité de l’aide apportée à son proche tout en préservant sa propre santé et son bien-être.

Sophie B.

Rédactrice, journaliste presse et web passionnée de lettres et de belles lettres, Sophie dispose d’une grande expérience dans le domaine de la rédaction. A la recherche de la satisfaction des lecteurs, Sophie s’attache à la clarté du sens autant qu’à la beauté du verbe. Un diplôme de Sciences Politiques tout comme une formation d’enseignante lui permettent d’allier justesse, dynamisme et rigueur au service d’un contenu unique et recherché. Elle part sans cesse à la recherche de la réalité du terrain. Ses investigations auprès des publics concernés et les interviews qu’elle mène avec professionnalisme rendent son contenu vivant et instructif. Depuis plusieurs années, Sophie met sa plume et son expertise au service des seniors, afin d’approfondir de manière claire et rigoureuse les thématiques qui les touchent de près.

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