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PLFSS 2026 définitivement adopté : ce qui est maintenu

Après un parcours parlementaire mouvementé, l’Assemblée nationale a définitivement adopté le 16 décembre 2025 le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2026. Le texte a été voté par 247 voix pour, 232 contre et 90 abstentions, sans recours à l’article 49.3, une première sous ce quinquennat. Pour les personnes âgées et les établissements qui les accueillent, ce budget répond à des besoins concrets du terrain. 

Le budget de la Sécurité sociale pour 2026 aura connu un destin pour le moins mouvementé. Après un premier vote en nouvelle lecture le 9 décembre à l’Assemblée nationale obtenu à seulement 13 voix près, le texte est passé au Sénat le 12 décembre. Comme prévu, la majorité de droite y a adopté une motion de rejet, renvoyant le texte en lecture définitive à l’Assemblée nationale. C’est finalement le 16 décembre au soir que le PLFSS 2026 a été définitivement adopté. 

Un budget profondément remanié par rapport au projet initial

Le texte final compte 115 articles, contre seulement 56 dans la lettre rectificative initiale. Les différences avec le projet de départ sont considérables, notamment grâce aux négociations menées avec une partie de la gauche. L’Objectif national de dépenses d’Assurance maladie (Ondam) a été fixé à 274,4 milliards d’euros pour 2026, soit une progression de 3,1 % contre seulement 1,6 % initialement prévu. Ce relèvement de 4 milliards d’euros représente une véritable bouffée d’oxygène pour le système de santé.

Pour les établissements de santé, la progression s’établit à 3,3 %, avec une hausse de 3,59 milliards d’euros. Le gouvernement a également annoncé le lancement d’un plan d’apurement de la dette des hôpitaux pour un montant de 1 milliard d’euros, avec une première tranche de 750 millions pour reprendre les créances les plus anciennes.

Les 150 millions d’euros pour les Ehpad confirmés

L’enveloppe supplémentaire de 150 millions d’euros spécifiquement destinée aux Ehpad a bien été maintenue dans le texte final, une excellente nouvelle pour les établissements. Ils s’ajoutent aux 18,3 milliards d’euros déjà prévus pour les personnes âgées en 2026, soit une progression de 3,3 % à périmètre constant. Concrètement, ces fonds viendront renforcer :

  • Le recrutement de 4 500 professionnels supplémentaires en Ehpad à hauteur de 250 millions d’euros, dans le cadre de l’objectif de création de 50 000 postes d’ici 2030
  • L’amélioration du taux d’encadrement dans les établissements
  • L’actualisation des coupes Pathos pour une meilleure évaluation des besoins en soins des résidents
  • Les investissements indispensables dans les établissements

Cette enveloppe additionnelle provient directement de la nouvelle contribution financière pour l’autonomie (CFA). Il s’agit d’une hausse de 1,4 point de la CSG sur les revenus du capital, qui passe de 9,2 % à 10,6 %. Cette mesure devrait rapporter 1,5 milliard d’euros pour financer la branche autonomie.

L’objectif de la branche autonomie est ainsi fixé à 43,6 milliards d’euros en 2026, contre 42,6 milliards en 2025. Comme l’a souligné la ministre de la Santé Stéphanie Rist lors des débats, cette contribution permettra également de sécuriser les concours versés aux départements pour financer l’APA et d’accélérer les recrutements dans les établissements sociaux et médico-sociaux.

Les mesures maintenues pour les personnes âgées

Au-delà du budget des Ehpad, plusieurs dispositions importantes du PLFSS concernent directement les seniors.

La vaccination antigrippale obligatoire en Ehpad

L’article 20 sur l’obligation de vaccination contre la grippe pour les résidents en Ehpad a été définitivement adopté. Après avoir été supprimé en première lecture, il avait été réintroduit par les députés le 9 décembre.

Cette obligation s’appliquera sous réserve d’une recommandation préalable de la Haute Autorité de Santé et sauf contre-indication médicale reconnue. L’objectif est de protéger une population particulièrement vulnérable face aux complications de la grippe.

L’investissement dans les habitats intermédiaires

100 millions d’euros seront consacrés en 2026 aux habitats intermédiaires, qui représentent une solution à mi-chemin entre le domicile et l’institution, à savoir, les résidences autonomie, les résidences services et l’habitat inclusif. Cette enveloppe vise à offrir aux personnes âgées un environnement adapté et sécurisé tout en leur permettant de vivre au sein d’un logement autonome et de maintenir leur inclusion sociale.

Ces habitats jouent un rôle majeur dans la prévention de la perte d’autonomie et dans la lutte contre l’isolement. Ils constituent une alternative entre le domicile traditionnel et l’Ehpad, répondant ainsi au souhait de 90 % des Français de vieillir chez eux.

Notons par ailleurs que les concours versés par la branche autonomie aux départements atteindront 6,2 milliards d’euros en 2026, un financement indispensable consacré à certaines aides comme l’Allocation personnalisée d’autonomie (APA) et l’aide sociale à l’hébergement (ASH), des subventions essentielles pour financer la dépendance à domicile et en établissement.

Les avancées obtenues pour les retraités

Plusieurs mesures concernant les retraites ont été actées dans le texte final, modifiant significativement le projet initial.

Un répit temporaire sur l’âge de départ à la retraite

Le calendrier de relèvement de l’âge de départ à la retraite est suspendu jusqu’en janvier 2028. Cette mesure temporaire concerne les personnes qui devaient voir leur âge de départ décalé en 2026 et 2027. Concrètement, cela signifie que les seniors concernés pourront partir à la retraite sans attendre un décalage supplémentaire de quelques mois, comme le prévoyait la réforme initiale.

Toutefois, la suspension sera compensée par une moindre revalorisation des pensions en 2027 et par une contribution accrue des complémentaires santé. Il s’agit donc d’un compromis qui permet de gagner du temps mais qui n’annule pas complètement les efforts demandés aux retraités.

Des avancées significatives pour réduire les inégalités femmes-hommes

Au-delà de la question de l’âge de départ, le texte final contient également des mesures ciblées pour corriger les écarts de pension entre hommes et femmes, qui restent aujourd’hui importants. En premier lieu, le renforcement de la prise en compte du nombre d’enfants pour le calcul du salaire annuel moyen. Cette modification devrait générer une hausse de la pension pour 50 % des femmes liquidant leur retraite à compter de 2026. Cette mesure représente une meilleure reconnaissance de l’impact des maternités sur les carrières professionnelles.

En second lieu, la prise en compte des majorations de durée d’assurance liées aux enfants pour l’ouverture des droits à une retraite anticipée pour carrière longue, dans la limite de deux trimestres. Cette disposition permettra à plus de 13 000 femmes nées après 1970 de partir plus tôt à la retraite, en reconnaissant que l’éducation des enfants constitue une période d’activité à part entière.

Le pouvoir d’achat des retraités préservé pour 2026

Enfin, bonne nouvelle concernant le pouvoir d’achat des personnes âgées :  contrairement à ce qui était envisagé au début de l’été, les pensions seront bien revalorisées en fonction de l’évolution de l’indice des prix. Une hausse de 0,9 % est prévue pour janvier 2026. En effet, le gel des pensions qui était sérieusement envisagé lors des premières discussions budgétaires, a finalement été écarté grâce aux négociations parlementaires. Cette revalorisation, même modeste, permettra aux retraités de ne pas voir leur pouvoir d’achat rogné par l’inflation

Ce qui change pour la santé des seniors

Le PLFSS 2026 contient plusieurs dispositions en matière de santé qui concernent les personnes âgées.

La gratuité des fauteuils roulants

La prise en charge intégrale des fauteuils roulants est entrée en vigueur depuis le 1er décembre 2025. Cette réforme organise la prise en charge autour des besoins réels de l’usager, améliore la qualité des fauteuils pris en charge et réduit les délais d’acquisition en instaurant un guichet unique auprès de l’Assurance maladie ou de la MSA.

La réforme encourage également le réemploi des fauteuils roulants en mettant en place un système de remise en bon état d’usage, offrant ainsi des solutions plus écologiques.

Le déploiement du réseau France Santé

150 millions d’euros sont alloués en 2026 à la construction du réseau des maisons France Santé. L’objectif est la labellisation de 2 000 structures d’ici l’été 2026, puis de 5 000 à l’horizon 2027, avec un financement moyen d’environ 50 000 euros par site.

Ces structures visent à améliorer l’accès aux soins et l’accompagnement des assurés sur l’ensemble du territoire, en particulier dans les zones sous-dotées. Pour les seniors vivant en zone rurale ou dans des déserts médicaux, ces maisons pourraient constituer un point d’accès facilité aux professionnels de santé.

Pas d’augmentation pour les franchises médicales 

Les franchises médicales ne seront pas augmentées en 2026, contrairement à ce qui était envisagé. Cette décision permet d’éviter une charge supplémentaire pour les personnes âgées qui sont généralement les plus concernées en termes de besoins de soins.

En revanche, les cotisations des mutuelles devraient augmenter en raison de la nouvelle taxe de 2,05 % sur les complémentaires santé, même si un garde-fou a été prévu pour limiter la répercussion sur les assurés.

Ainsi, l’adoption du PLFSS 2026 marque une étape importante pour le secteur du grand âge et de la protection sociale. Ce budget apporte des moyens supplémentaires attendus, en particulier pour les Ehpad, la branche autonomie et l’accès aux soins des seniors. Les arbitrages obtenus traduisent une volonté de répondre aux urgences du terrain, qu’il s’agisse du manque de personnel, du financement des établissements ou du maintien du pouvoir d’achat des retraités.

Sophie B.

Rédactrice, journaliste presse et web passionnée de lettres et de belles lettres, Sophie dispose d’une grande expérience dans le domaine de la rédaction. A la recherche de la satisfaction des lecteurs, Sophie s’attache à la clarté du sens autant qu’à la beauté du verbe. Un diplôme de Sciences Politiques tout comme une formation d’enseignante lui permettent d’allier justesse, dynamisme et rigueur au service d’un contenu unique et recherché. Elle part sans cesse à la recherche de la réalité du terrain. Ses investigations auprès des publics concernés et les interviews qu’elle mène avec professionnalisme rendent son contenu vivant et instructif. Depuis plusieurs années, Sophie met sa plume et son expertise au service des seniors, afin d’approfondir de manière claire et rigoureuse les thématiques qui les touchent de près.

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