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GIR 1 : signification et implications au quotidien

Le GIR 1 représente le niveau de dépendance le plus important dans la grille nationale AGGIR qui évalue l’autonomie des personnes âgées. Mais que signifie réellement ce classement pour la personne concernée et ses proches ? Quels accompagnements sont nécessaires et comment s’organise le quotidien ? Comprendre la réalité du GIR 1 permet aux familles d’anticiper les besoins, d’organiser une prise en charge adaptée et de choisir les solutions d’hébergement les plus appropriées.

Le GIR 1, ou Groupe Iso-Ressources 1, désigne le degré de perte d’autonomie le plus élevé reconnu en France. À ce niveau, la personne âgée présente une dépendance totale ou quasi-totale qui nécessite une présence continue et une assistance permanente pour l’ensemble des actes de la vie quotidienne. Contrairement aux personnes classées en GIR 2 qui conservent certaines capacités, notamment mentales, ou en GIR 3 et GIR 4 qui gardent une autonomie partielle, les personnes en GIR 1 sont dans une situation de grande vulnérabilité où leur sécurité et leur bien-être dépendent entièrement de l’intervention de tierces personnes. Ce niveau de dépendance correspond généralement à des situations médicales complexes associant troubles cognitifs sévères et altérations physiques importantes, nécessitant des compétences professionnelles spécialisées et une surveillance rapprochée.

Que signifie concrètement être en GIR 1 ?

Le GIR 1 se caractérise par une dépendance complète dans tous les aspects de la vie quotidienne. La personne se trouve dans l’incapacité d’accomplir seule les gestes essentiels et nécessite l’intervention d’un tiers pour chaque action, de jour comme de nuit. 

Sur le plan physique, la personne en GIR 1 est généralement alitée de façon permanente ou quasi-permanente. Elle ne peut ni se lever, ni se retourner dans son lit sans aide, ni maintenir une position assise stable. Les capacités de mobilité sont extrêmement limitées voire inexistantes. La personne ne peut pas se déplacer seule, même sur quelques mètres, et nécessite une aide totale pour tous les transferts : du lit au fauteuil roulant, du fauteuil aux toilettes ou à la douche. Souvent, même installée dans un fauteuil adapté, elle ne peut maintenir sa position sans être calée par des coussins ou des systèmes de maintien spécifiques. Cette immobilité ou quasi-immobilité entraîne des risques importants qu’il faut prévenir activement : escarres dues à la pression prolongée sur certaines zones du corps, ankylose articulaire, troubles circulatoires, infections respiratoires liées à l’alitement.

Sur le plan cognitif, les personnes en GIR 1 présentent généralement des altérations mentales sévères. Elles ont perdu la notion du temps et de l’espace, ne reconnaissent plus leur entourage proche, et ne peuvent plus communiquer de façon cohérente. Ce Gir correspond par exemple à un stade avancé de maladies neurodégénératives comme Alzheimer. Certaines personnes en GIR 1 sont dans un état d’altération de la conscience avancé, où les réactions aux stimulations extérieures sont minimes ou absentes. D’autres conservent une certaine vigilance mais ne peuvent exprimer leurs besoins ou leur inconfort de manière compréhensible, ce qui rend le travail des soignants particulièrement délicat car ils doivent interpréter les signes non verbaux, les mimiques ou les variations du comportement pour déceler une douleur ou un problème.

Pour tous les actes de la vie quotidienne, l’aide est totale et constante. La toilette complète doit être réalisée par des professionnels, souvent au lit lorsque la personne ne peut être levée. L’habillage nécessite l’intervention d’un tiers qui choisit les vêtements adaptés et les enfile entièrement. L’alimentation se fait avec une aide totale : la personne ne peut ni préparer son repas, ni manger seule. Dans de nombreux cas, des troubles de la déglutition compliquent l’alimentation et nécessitent des textures modifiées (mixée, hachée, épaissie) voire une alimentation par sonde gastrique lorsque les risques de fausse route deviennent trop importants. L’hygiène intime ne peut être gérée par la personne qui présente généralement une incontinence urinaire et fécale totale, nécessitant le port de protections et des changes réguliers tout au long de la journée et de la nuit.

La signification essentielle du GIR 1 réside dans cette dépendance absolue qui place la personne dans une situation de vulnérabilité extrême. Elle ne peut plus assurer sa sécurité, signaler un problème, ou même exprimer clairement une souffrance. C’est pourquoi ce niveau de dépendance nécessite non seulement une présence humaine permanente mais aussi des compétences professionnelles spécialisées pour anticiper les besoins, détecter les complications, adapter les soins et préserver au maximum le confort et la dignité de la personne malgré sa grande fragilité. 

Comment est déterminé le GIR 1 ?

La classification en GIR 1 résulte d’une évaluation approfondie réalisée par des professionnels du secteur médico-social, formés à l’utilisation de la grille AGGIR. Cette évaluation ne repose pas sur un diagnostic médical ou une pathologie spécifique, mais sur l’observation objective de ce que la personne peut ou ne peut plus faire dans la réalité quotidienne. Les professionnels habilités sont notamment le médecin coordonnateur d’EHPAD en collaboration avec l’équipe soignante pour les résidents en établissement, ou l’équipe médico-sociale du Conseil Départemental pour les personnes en maintien à domicile dans le cadre d’une demande ou d’une révision d’APA.

L’évaluation s’appuie sur les dix variables discriminantes de la grille AGGIR qui mesurent les capacités fondamentales de la personne : cohérence mentale, orientation dans le temps et l’espace, toilette, habillage, alimentation, hygiène intime, transferts (se lever, se coucher, s’asseoir), déplacements à l’intérieur du logement, déplacements à l’extérieur, et communication à distance. Pour chacune de ces activités, le professionnel attribue une évaluation allant de A à C. Le A signifie que la personne réalise l’activité seule, spontanément, totalement et correctement. Le B indique une réalisation partielle ou non correcte. Le C signifie que la personne ne réalise pas du tout l’activité, ou de façon totalement incorrecte ou non spontanée.

Pour être classée en GIR 1, une personne obtient généralement un C sur la quasi-totalité des variables évaluées. 

L’évaluation se déroule généralement au lit ou au fauteuil de la personne, dans son lieu de vie habituel. Le professionnel observe directement la personne, tente d’interagir avec elle pour évaluer ses capacités de communication et de compréhension, consulte le dossier médical et s’entretient avec l’équipe soignante ou les aidants familiaux qui connaissent parfaitement les capacités réelles de la personne au quotidien. Dans le cas d’une personne en EHPAD, l’évaluation est facilitée par le fait que l’équipe soignante observe la personne 24 heures sur 24 et peut rapporter précisément ses capacités lors des différents moments de soins et d’accompagnement.

La grille AGGIR comporte aussi sept variables complémentaires qui concernent les activités domestiques et sociales : gestion administrative, cuisine, ménage, transports, achats, suivi du traitement médical et activités de loisir. Ces variables ne sont pas prises en compte dans le calcul du GIR mais permettent d’affiner le plan de soins personnalisé. Pour une personne en GIR 1, ces activités sont toutes impossibles à réaliser sans aide, ce qui confirme l’étendue de la dépendance. L’évaluation est généralement révisée périodiquement, notamment en cas d’hospitalisation ou de changement important de l’état de santé.

Quelles aides financières pour le GIR 1 ?

Le classement en GIR 1 ouvre droit aux aides financières maximales de l’Etat pour la prise en charge de la dépendance. Comprendre ces dispositifs permet aux familles d’anticiper le budget nécessaire et d’identifier toutes les ressources mobilisables pour financer l’accompagnement de leur proche.

L’Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA)

Le GIR 1 donne accès au montant le plus élevé de l’Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA), principale aide publique destinée aux personnes âgées dépendantes. Pour 2025, le plafond mensuel du plan d’aide APA à domicile pour un GIR 1 s’élève à 2 045,56 €. Ce montant représente le plafond des dépenses qui peuvent être prises en charge par l’APA, et non le montant systématiquement versé, qui dépend également des ressources du bénéficiaire.

Pour les personnes vivant à domicile, l’APA peut financer l’intervention d’auxiliaires de vie et d’aides-soignants pour les soins d’hygiène et de confort, les services de soins infirmiers à domicile (SSIAD) pour les actes techniques, l’achat ou la location de matériel médical (lit médicalisé, lève-personne, fauteuil roulant), les aménagements du logement pour faciliter les déplacements et les soins, la téléassistance et les systèmes d’alerte, et les aides techniques diverses (protections, produits d’hygiène spécifiques). Un plan d’aide personnalisé est établi par l’équipe médico-sociale du Conseil Départemental après évaluation à domicile, détaillant précisément les besoins et les moyens financés.

Le montant effectivement versé dépend des ressources mensuelles de la personne. 

L’APA fonctionne selon un système de participation progressive: 

  • les personnes dont les revenus sont inférieurs à 918,29 € par mois ne paient aucune participation et reçoivent l’intégralité du montant prévu dans leur plan d’aide. 
  • Pour des ressources comprises entre 918,30 € et 3381,92 €, une participation financière est calculée selon un barème progressif qui augmente avec les revenus, allant de 0 à 90% du montant du plan d’aide.
  • Pour des ressources supérieures à 3381,92 € par mois, la participation financière du demandeur est égale à 90% du montant du plan d’aide. 

Précisons toutefois que même avec le montant maximal de l’APA, le maintien à domicile d’une personne en GIR 1 génère souvent des dépenses complémentaires importantes que les familles doivent assumer sur leurs ressources propres.

Pour les personnes hébergées en EHPAD, l’APA prend en charge une partie du tarif dépendance facturé par l’établissement. Le montant versé dépend également des ressources du résident selon le même barème de participation progressive. Contrairement à l’APA à domicile où le montant varie selon le plan d’aide établi, l’APA en établissement est directement liée au GIR et au tarif dépendance fixé par l’EHPAD. Dans tous les cas, le résident conserve à sa charge le ticket modérateur, c’est-à-dire le tarif dépendance correspondant aux GIR 5 et 6 de l’établissement. Cette contribution minimale garantit que tous les résidents, quel que soit leur degré de dépendance, participent financièrement aux coûts d’accompagnement.

Les autres aides financières en cas de dépendance de Gir 1

Au-delà de l’APA, plusieurs dispositifs peuvent compléter le financement de la prise en charge d’une personne en GIR 1. 

L’aide sociale à l’hébergement (ASH) peut être sollicitée auprès du Conseil Départemental lorsque les ressources du résident et l’APA ne suffisent pas à couvrir les frais d’hébergement en EHPAD. Cette aide prend en charge tout ou partie du reste à charge, sous conditions de ressources très strictes. Il faut que la personne ait épuisé ses ressources propres et que ses obligés alimentaires ne puissent pas assumer financièrement l’hébergement. Il existe cependant un inconvénient souvent gênant pour les familles : l’ASH constitue une avance récupérable sur la succession au décès du bénéficiaire.

Les aides au logement (APL ou ALS) peuvent être versées aux résidents d’EHPAD sous conditions de ressources et si l’établissement est conventionné. Ces aides, versées par la Caisse d’Allocations Familiales, permettent de réduire le montant du tarif hébergement à la charge du résident. Le montant varie selon les ressources, la composition du foyer avant l’entrée en établissement et la zone géographique. Pour une personne seule aux faibles revenus, l’aide peut atteindre plusieurs centaines d’euros par mois.

La réduction d’impôt pour frais d’hébergement en EHPAD permet de déduire 25% des dépenses d’hébergement et de dépendance (après déduction de l’APA et des aides au logement) dans la limite de 10 000 euros par an et par personne hébergée. Cette réduction fiscale bénéficie au résident lui-même s’il est imposable, ou à ses descendants qui participent financièrement à l’hébergement dans le cadre de l’obligation alimentaire. Pour une famille aidant financièrement un parent en EHPAD, cette réduction peut représenter jusqu’à 2 500 euros de réduction d’impôt annuelle.

Certains organismes de retraite complémentaire proposent certaines aides spécifiques en situation de dépendance. Ces aides, souvent méconnues, peuvent prendre la forme de participations financières ponctuelles ou régulières, de prêts à taux réduits pour financer du matériel ou des aménagements, ou de services d’accompagnement. Il convient de se renseigner auprès de chaque caisse de retraite concernée car les dispositifs varient selon les organismes.

Le coût réel d’une prise en charge en GIR 1

Pour une personne maintenue à domicile en GIR 1, le coût mensuel total peut facilement dépasser 4 000 à 5 000 euros en cumulant les interventions d’auxiliaires de vie plusieurs fois par jour et la nuit, les soins infirmiers, la kinésithérapie, le matériel médical, les protections et produits d’hygiène spécifiques. Même avec l’APA maximale, le reste à charge pour les familles demeure très élevé, ce qui explique que cette option reste exceptionnelle et souvent réservée à des situations de fin de vie accompagnée sur une période limitée. 

Pour certaines prestations comme les aides à domicile, le reste à charge peut être diminué grâce au crédit d’impôt qui rembourse 50 % des sommes versées par la personne âgée.

Pour un hébergement en EHPAD, le coût mensuel total à la charge du résident ou de la famille comprend le tarif hébergement (logement, restauration, animation) et le tarif dépendance en GIR 1. Le tarif soins est pris en charge par l’Assurance Maladie. Selon les départements et le standing de l’établissement, le reste à charge mensuel après déduction de l’APA et des éventuelles aides au logement se situe généralement entre 2 000 et 3 500 euros. Ce montant, bien que conséquent, reste souvent inférieur au coût d’un maintien à domicile avec le même niveau de sécurité et de soins professionnels, tout en soulageant les aidants familiaux d’une charge épuisante.

Quels types d’hébergement pour une personne en GIR 1 ?

Le choix du lieu de vie pour une personne en GIR 1 est une décision cruciale qui doit tenir compte de la complexité des besoins médicaux, de l’importance de la surveillance requise et des ressources disponibles. Plusieurs options existent, chacune présentant des avantages et des contraintes spécifiques qu’il convient d’examiner attentivement.

Le maintien à domicile : une option possible en Gir 1 mais exigeante

Le maintien à domicile d’une personne en GIR 1 reste possible mais représente un défi organisationnel et humain considérable. Cette solution nécessite la réunion de conditions très spécifiques qui expliquent pourquoi elle demeure souvent exceptionnelle dans les faits et surtout à long terme.

Le domicile doit être entièrement transformé en véritable espace de soins : installation d’un lit médicalisé avec matelas anti-escarres, acquisition d’un lève-personne pour sécuriser les transferts, aménagement de la salle de bain pour permettre les toilettes au lit si nécessaire, élargissement des passages pour la circulation du matériel, mise en place de rails de transfert. L’espace de vie familial se transforme progressivement en environnement médical, ce qui peut être difficile à vivre pour l’entourage.

L’organisation quotidienne repose sur la coordination de multiples intervenants professionnels : auxiliaires de vie pour les soins d’hygiène plusieurs fois par jour, infirmiers du SSIAD pour les soins techniques (changes, gestion des sondes, administration des traitements), kinésithérapeute pour la prévention des complications de l’alitement, médecin traitant pour le suivi médical régulier. Chaque professionnel intervient selon son propre planning, ce qui impose à la famille un rôle de coordination permanent et chronophage. Entre ces passages, la surveillance continue nécessite généralement la présence permanente d’un aidant familial, disponible jour et nuit.

Cette charge continue expose l’aidant principal à un épuisement physique et psychologique majeur : nuits interrompues pour les changes ou les soins, port de charges lourdes malgré les aides techniques, impossibilité de s’absenter sans organisation complexe de relais, isolement social progressif, impact sur la vie professionnelle et familiale. Le syndrome d’épuisement de l’aidant, avec ses conséquences sur la santé physique et mentale, constitue un risque réel dans ce contexte.

Le maintien à domicile reste néanmoins le choix de certaines familles qui disposent des ressources nécessaires et souhaitent accompagner leur proche dans son environnement familier. Cette option peut être envisageable sur une période limitée, notamment en phase de fin de vie avec l’accompagnement d’une équipe de soins palliatifs à domicile qui renforce la présence professionnelle et soulage les aidants. Il est important que les familles acceptent qu’un passage en établissement puisse devenir nécessaire si la situation devient trop lourde à gérer.

L’EHPAD : la solution souvent privilégiée pour le GIR 1

L’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes représente la solution la plus appropriée et la plus sécurisante pour accueillir une personne en GIR 1. Les EHPAD sont spécifiquement conçus pour prendre en charge les situations de grande dépendance avec un niveau de professionnalisme qu’il est impossible de reproduire à domicile.

La présence d’équipes soignantes 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, constitue le premier atout majeur. Les aides-soignants, présents en nombre suffisant y compris la nuit et le week-end, assurent tous les soins d’hygiène et de confort : toilettes complètes adaptées au lit ou en salle de bain médicalisée, changes réguliers pour garantir l’hygiène et prévenir les irritations cutanées, aide totale aux repas avec surveillance de l’alimentation et adaptation des textures, transferts sécurisés avec le matériel adapté, installation confortable au lit ou au fauteuil. Les infirmiers diplômés d’État supervisent l’ensemble des soins techniques, administrent les traitements, surveillent les constantes vitales, gèrent les dispositifs médicaux (sondes, perfusions, pansements) et assurent une vigilance permanente sur l’état de santé du résident. Le médecin coordonnateur pilote la prise en charge médicale globale, coordonne les interventions des médecins traitants et spécialistes, adapte les traitements aux évolutions de l’état de santé, et accompagne les familles dans les décisions thérapeutiques importantes.

L’environnement matériel des EHPAD est entièrement adapté aux personnes très dépendantes. Les chambres individuelles disposent d’équipements spécifiques : lits médicalisés permettant différentes positions pour le confort et les soins, rails plafonniers pour lève-personnes facilitant les transferts sans risque pour le résident et les soignants, systèmes d’appel malade, espaces suffisants pour la circulation du personnel avec le matériel. Certains EHPAD proposent des unités dédiées aux résidents les plus dépendants, avec des ratios de personnel renforcés et un accompagnement encore plus personnalisé.

Au-delà de l’aspect purement médical et technique, les EHPAD développent de plus en plus une approche humaniste de l’accompagnement des personnes en GIR 1. Les projets de vie personnalisés tiennent compte de l’histoire de chaque résident, de ses habitudes préservées autant que possible, de ses préférences alimentaires, de ses rythmes de vie. Les équipes sont formées aux soins relationnels et à la communication non verbale avec les personnes qui ne peuvent plus s’exprimer. La gestion de la douleur fait l’objet d’une vigilance particulière avec l’utilisation d’échelles d’évaluation comportementale et l’adaptation des traitements antalgiques.

L’accompagnement de fin de vie constitue une dimension importante de la prise en charge en EHPAD pour les résidents en GIR 1. Les équipes, formées aux soins palliatifs, assurent un accompagnement digne et apaisé en respectant les directives anticipées du résident et en soutenant les familles dans ces moments difficiles. La continuité de la présence soignante 24h/24 permet de réagir rapidement en cas de besoin et d’adapter les soins à chaque instant pour garantir le confort maximal.

L’habitat partagé et accompagné : une solution peu adaptée en Gir 1

L’habitat partagé et accompagné, aussi appelé habitat inclusif ou colocation senior, représente une forme d’hébergement alternative qui se développe de plus en plus en France. Ce modèle repose sur une colocation de plusieurs personnes âgées dans un logement adapté, avec la présence d’un accompagnant et l’intervention de services d’aide et de soins selon les besoins.

Pour les personnes en GIR 1, cette formule reste très marginale et peu adaptée à la réalité de leurs besoins. L’habitat partagé s’adresse essentiellement à des personnes conservant une autonomie partielle (GIR 4 à 6) qui peuvent bénéficier d’une dynamique collective et d’un accompagnement ponctuel. La présence d’un accompagnant, généralement présent en journée, ne peut en aucun cas se substituer à la surveillance médicale continue et aux compétences spécialisées nécessaires pour une personne en dépendance totale.

Ces structures ne disposent généralement pas du matériel médical complet, ni des équipes soignantes qualifiées et de l’encadrement médical indispensable au GIR 1. La cohabitation avec d’autres résidents moins dépendants peut également poser des difficultés pratiques et psychologiques pour tous les colocataires. Même les villas Alzheimer qui proposent un accompagnement adapté à cette pathologie n’accueillent pas de locataires avec des troubles du comportement trop lourds. 

Dans de très rares cas, lorsqu’une personne en GIR 1 bénéficie d’un accompagnement familial très présent, complété par des interventions professionnelles intensives (SSIAD renforcé, auxiliaires de vie plusieurs fois par jour), ce type d’habitat peut fonctionner temporairement. Mais il s’agit alors d’une organisation complexe et coûteuse qui ne présente guère d’avantages par rapport à un hébergement en EHPAD et risquant d’exposer la personne à des risques importants.

Tout comme les résidences services seniors, l’habitat partagé trouve en revanche toute sa pertinence pour des personnes en perte d’autonomie modérée (GIR 3 ou 4) qui souhaitent préserver un cadre de vie chaleureux et convivial tout en bénéficiant d’un accompagnement adapté. Cette formule peut constituer une étape intermédiaire avant une éventuelle entrée en EHPAD si la dépendance s’aggrave.

Faire le bon choix pour son proche

Pour une personne en GIR 1, le choix se résume le plus souvent à une alternative entre maintien à domicile avec accompagnement très lourd ou un hébergement en EHPAD. Cette décision doit être prise en toute lucidité, en évaluant objectivement plusieurs critères : les ressources humaines disponibles au sein de la famille (présence d’un aidant disponible en permanence ou possibilité de se relayer), la configuration du domicile et la faisabilité des aménagements nécessaires, l’évolution probable de l’état de santé et de la dépendance, les souhaits de la personne exprimés lorsqu’elle en était encore capable, et le risque réel d’épuisement des aidants.

Choisir un hébergement en EHPAD pour un proche en GIR 1 constitue une décision responsable qui garantit à la personne des soins professionnels et une surveillance continue adaptés à sa grande vulnérabilité. Cette décision ne signifie pas l’abandon du lien familial, bien au contraire. Les visites régulières, la présence affective aux côtés du résident, les échanges avec les équipes soignantes, la participation aux décisions concernant les soins, maintiennent le lien et contribuent au bien-être de la personne. Même lorsque la communication verbale n’est plus possible, la présence des proches, leur voix, leur toucher, gardent tout leur sens et restent perçus par la personne très dépendante. Des professionnels sont là pour aider les aidants qui peuvent éprouver un sentiment de culpabilité face à cette décision difficile.  

Le GIR 1 pose également la question de l’anticipation et de la préparation. Lorsqu’une personne est classée en GIR 2, GIR 3 ou GIR 4 et présente une pathologie évolutive comme la maladie d’Alzheimer à un stade avancé ou une maladie neurologique dégénérative, il est important d’anticiper une possible évolution vers le GIR 1. Cette anticipation permet d’avoir des discussions sur les souhaits de la personne concernant sa prise en charge future pendant qu’elle a encore ses capacités de discernement, de désigner une personne de confiance qui pourra prendre des décisions en son nom si nécessaire, de rédiger des directives anticipées pour exprimer ses volontés sur les traitements et l’accompagnement de fin de vie, et de commencer à rechercher un établissement adapté si le maintien à domicile devient impossible.

Comprendre la signification du GIR 1 permet aux familles d’aborder cette étape avec plus de sérénité et de se concentrer sur l’essentiel : garantir que leur proche reçoive des soins de qualité dans un environnement bienveillant, préserver au maximum son confort et sa dignité, et maintenir une présence affective qui conserve tout son sens même dans la grande dépendance. Les professionnels du secteur médico-social, les médecins coordonnateurs d’EHPAD et les équipes des établissements pour personnes âgées sont formés pour accompagner les familles dans cette période difficile et les soutenir dans leur rôle de proche aidant et de décideur pour les questions médicales importantes.

Sophie B.

Rédactrice, journaliste presse et web passionnée de lettres et de belles lettres, Sophie dispose d’une grande expérience dans le domaine de la rédaction. A la recherche de la satisfaction des lecteurs, Sophie s’attache à la clarté du sens autant qu’à la beauté du verbe. Un diplôme de Sciences Politiques tout comme une formation d’enseignante lui permettent d’allier justesse, dynamisme et rigueur au service d’un contenu unique et recherché. Elle part sans cesse à la recherche de la réalité du terrain. Ses investigations auprès des publics concernés et les interviews qu’elle mène avec professionnalisme rendent son contenu vivant et instructif. Depuis plusieurs années, Sophie met sa plume et son expertise au service des seniors, afin d’approfondir de manière claire et rigoureuse les thématiques qui les touchent de près.

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