En détruisant les neurones dopaminergiques, la maladie de Parkinson provoque une chute de dopamine, un neurotransmetteur indispensable au bon fonctionnement du cerveau. Cette carence se traduit par une perte progressive d’autonomie chez les malades. La recherche apporte aujourd’hui un nouvel espoir grâce à des greffes de neurones qui ont été réalisées avec succès chez plusieurs patients.
Qu’est-ce que la maladie de Parkinson ?
La maladie de Parkinson est une affection neurologique chronique et dégénérative, la plus fréquente après Alzheimer. En évoluant dans le temps, elle provoque la détérioration progressive des neurones qui produisent la dopamine, un neurotransmetteur essentiel à la communication entre neurones dans certaines zones du cerveau.
La réduction de la dopamine perturbe le fonctionnement normal de circuits cérébraux responsables notamment du contrôle des mouvements.
Pourquoi cette maladie survient-elle ?
En France, on estime à environ 272 500 le nombre de personnes concernées par la maladie de Parkinson, avec 25 000 nouveaux cas chaque année.
Les mécanismes exacts de cette pathologie grave et incurable à ce jour restent mal compris. Il s’agit vraisemblablement d’une interaction entre plusieurs facteurs dont le vieillissement, certaines causes environnementales comme l’exposition prolongée aux pesticides, et, dans une moindre mesure (entre 10% et 15 % des cas), des facteurs génétiques.
Des symptômes principalement moteurs mais pas uniquement
La maladie de Parkinson se manifeste par des symptômes moteurs mais aussi non moteurs. Ces derniers qui passent souvent inaperçus mais altèrent, parfois considérablement, la qualité de vie des malades.
- Les symptômes moteurs de Parkinson : tremblements au repos, rigidité musculaire, lenteur des mouvements (bradykinésie).
- Les symptômes non moteurs de Parkinson: troubles du sommeil, troubles urinaires, fatigue,dépression ou apathie, constipation, troubles cognitifs légers, troubles de la vision et hallucinations. Il est important de souligner que ces symptômes peuvent parfois apparaître avant les symptômes moteurs mais ne sont pas toujours rattachés à un diagnostic de Parkinson.
Quelle prise en charge pour les malades?
Même s’il n’existe pas à ce jour de traitement qui guérisse la maladie ou empêche la destruction des neurones dopaminergiques, plusieurs approches, médicamenteuses ou non, permettent de soulager les symptômes et d’améliorer la qualité de vie.
La maladie de Parkinson représente un enjeu de santé publique majeur et une pathologie complexe, affectant les fonctions motrices et non motrices. Selon l’avis de la plupart des professionnels, elle nécessite une prise en charge multidisciplinaire permettant de retarder la perte d’autonomie et de diminuer l’impact des symptômes sur le quotidien de la personne.
Les plus fréquentes sont les suivantes :
- Le traitement de référence est la lévodopa (L-Dopa), qui remplace le rôle de la dopamine dans le cerveau et réduit les troubles moteurs. Cependant, avec le temps, son efficacité diminue et des effets secondaires peuvent apparaître.
- D’autres traitements dopaminergiques existent (agonistes dopaminergiques). Ils peuvent être utilisés seuls ou combinés avec la L-Dopa.
- Des traitements non médicamenteux complètent l’effet des médicaments et soulagent certains symptômes : rééducation, activité physique adaptée, orthophonie, etc.
- Une prise en charge globale inclut aussi un suivi psychologique et nutritionnel, ainsi que des mesures pour permettre une adaptation à la perte d’autonomie.
Plusieurs organismes comme l’Association France Parkinson jouent un rôle important dans l’information, le soutien des malades et des familles, et la promotion de la recherche.
Une nouvelle piste thérapeutique : la greffe de neurones dopaminergiques
De nombreux travaux sont menés dans le monde pour faire avancer la recherche pour Parkinson. L’une des voies particulièrement prometteuses est celle des thérapies cellulaires qui visent à remplacer ou à compenser les neurones dopaminergiques détruits. Dans ce domaine, deux études récentes menées simultanément par des équipes du Japon et d’Amérique du Nord ont montré des résultats encourageants en greffant avec succès de nouveaux neurones à dopamine chez des patients atteints de Parkinson. Les cellules greffées étaient en effet destinées à prendre la place des neurones détruits et à produire de la dopamine, ce qui, dans les deux études, a eu pour effet une amélioration des symptômes parkinsoniens chez les patients testés.
Une première étude japonaise publiée dans la revue Nature et relayée par Sciences et Avenir a ainsi permis d’implanter à des patients atteints de Parkinson de nouveaux neurones à dopamine. Ces travaux ont été menés par une équipe de l’Université de Kyoto lors d’un essai de phase I/II sur sept patients âgés de 50 à 69 ans, réfractaires aux traitements classiques. Des cellules souches pluripotentes induites (iPS) ont été reprogrammées génétiquement en laboratoire avec la capacité de se développer selon n’importe quel modèle de cellules de l’organisme prédéfini à l’avance. Aucun effet indésirable grave n’a été observé sur 24 mois et les résultats ont montré une production de dopamine par les cellules greffées.
Une seconde étude a été publiée dans le même numéro de la revue Nature, réalisée cette fois-ci aux Etats-Unis, selon un principe de greffe identique mais à partir d’un autre type de cellules souches. Là encore, les résultats se sont avérés concluants. Des cellules souches embryonnaires humaines ont ainsi été implantées chez 12 patients âgés de 50 à 78 ans, avec deux dosages différents. Au bout de 18 mois, aucun effet indésirable grave n’a été détecté et plusieurs améliorations motrices ont été rapportées.
Ainsi, la greffe cellulaire apporte de nouveaux espoirs pour améliorer les symptômes moteurs de la maladie de Parkinson. Tandis que les traitements actuels ne font que compenser la perte de dopamine, la thérapie par cellules souches semble offrir une solution sûre et efficace pour agir à l’origine du dysfonctionnement. Ces résultats encourageants devraient permettre le passage à la phase III des essais cliniques sur davantage de patients, afin d’évaluer la réelle efficacité des traitements.
Longtemps considérée comme une maladie incurable ne pouvant être que ralentie ou atténuée, la maladie de Parkinson entre aujourd’hui dans une nouvelle ère de recherche.
Si les travaux de ces deux études sont confirmés, la greffe de neurones dopaminergique pourrait révolutionner la prise en charge des malades de Parkinson en proposant un traitement capable de remplacer les neurones détruits plutôt que de simplement compenser leurs effets. Ce qui permettrait de réduire fortement les symptômes moteurs, diminuer éventuellement les doses de médicaments et leurs effets secondaires, améliorer la qualité de vie des patients et offrir une option curative ou partiellement réparatrice qui ne serait pas uniquement symptomatique.
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