La maladie de Charcot ou sclérose latérale amyotrophique (SLA) est une maladie dégénérative grave qui entraîne une paralysie progressive de tous les muscles et dont l’issue est fatale. Tandis que les causes restent en grande partie inconnues, une équipe du CHU de Nîmes a récemment publié dans la revue scientifique The Lancet les résultats d’un essai clinique sur une molécule ayant permis de réduire le risque de décès de 40% chez certains patients.
La maladie de Charcot reste méconnue du grand public. Elle a surtout marqué les esprits comme l’affection dont souffrait l’astrophysicien britannique Stephen Hawking, l’un des visages les plus connus de la maladie de Charcot. Diagnostiqué à seulement 21 ans, il présentait une forme exceptionnellement lente de la SLA, lui permettant de vivre plus de cinquante ans avec la maladie. Cependant, son cas reste exceptionnel. La maladie de Charcot se déclare le plus souvent après 50 ans et l’espérance de vie est beaucoup plus courte, de 3 à 5 ans, d’après l’Inserm. On estime qu’en France, chaque année, environ 1200 personnes meurent de la maladie de Charcot.
Une maladie qui provoque la mort des neurones moteurs
La maladie de Charcot détruit les neurones moteurs (motoneurones) situés dans le cerveau et la moëlle épinière. Elle peut se déclarer de deux manières différentes chez les patients :
- Dans certains cas, l’atteinte débute au niveau des membres : on parle de forme spinale. Elle se manifeste d’abord par une faiblesse musculaire ou une perte de force dans les bras ou les jambes, pouvant entraîner des difficultés à marcher, à manipuler des objets ou à maintenir l’équilibre.
- Dans la forme bulbaire de la maladie de Charcot, celle-ci commence par une atteinte des muscles de la parole, de la déglutition et de la respiration. Les premiers signes sont alors des troubles de l’élocution, une voix qui se modifie, des difficultés à avaler ou une sensation d’étouffement.
Cependant, quelle que soit sa forme initiale, la maladie progresse ensuite de manière à toucher l’ensemble du système moteur, entraînant une paralysie progressive de tous les muscles du corps.
Les souffrances provoquées par la maladie de Charcot sont souvent exacerbées par le fait que le patient conserve sa lucidité face à la dégradation de son état.
La forme héréditaire et la forme sporadique de la maladie de Charcot
On distingue deux formes principales de la SLA, selon son origine héréditaire ou non. La plus fréquente est la forme sporadique, qui apparaît sans antécédent familial connu et concerne environ 9 cas sur 10. Ses causes exactes demeurent encore mal comprises, bien qu’un ensemble de facteurs environnementaux et biologiques comme des chocs violents et une exposition à des produits toxiques soient suspectés. La forme familiale, plus rare, touche environ 10 % des patients. Elle est liée à la transmission de mutations génétiques particulières et se retrouve au sein de plusieurs membres d’une même famille. Différents gènes ont été identifiés comme jouant un rôle dans l’apparition de la sclérose latérale amyotrophique, dont 4 auraient un impact important : TARDBP, FUS, C9ORF72 et SOD1.
Bien que les manifestations cliniques de la forme sporadique et familiale de la SLA soient similaires, cette distinction est importante pour la recherche et la compréhension des mécanismes de la maladie. Par exemple, une étude récente ciblant les mécanismes déclencheurs de la forme héréditaire de la SLA a mis en lumière certains facteurs liés au stress cellulaire chronique et à la dysfonction des mitochondries qui semblent également présents dans la forme sporadique de la maladie.
Une nouvelle molécule a réduit de 40% le risque de décès chez certains patients
Si la maladie de Charcot reste une pathologie incurable à ce jour, la recherche avance. Plusieurs études et essais cliniques sont menés à travers le monde pour tenter d’identifier les mécanismes déclencheurs de la maladie et de trouver des pistes thérapeutiques. Parmi eux, une équipe du CHU de Nîmes a récemment publié dans la revue scientifique The Lancet les résultats de l’essai clinique MIROCALS portant sur une nouvelle molécule, une étude qu’elle a mené en partenariat avec l’AP-HP (Assistance Publique Hôpitaux de Paris). Les données recueillies montrent une réduction du risque de décès d’environ 40 % chez certains patients, un résultat particulièrement encourageant qui ouvre des perspectives concrètes pour le développement de traitements capables d’agir sur l’évolution de la sclérose latérale amyotrophique.
En effet, cette étude menée entre 2017 et 2019 sur 220 patients a permis de tester l’interleukine-2 (IL2LD), une version plus faiblement dosée de l’interleukine-2 (IL-2), une protéine du système immunitaire utilisée comme agent thérapeutique en immunothérapie. Cette molécule a pour effet de modifier le système immunitaire des patients atteints de SLA.
Chez 80% des patients présentant un faible taux de pNFH, un biomarqueur spécifique de la SLA, on a remarqué une réduction du risque de décès de plus de 40%. Même si l’analyse globale n’a pas montré de différence significative, ces résultats encourageants ouvrent la voie à de nouveaux essais de phase 3.
La maladie de Charcot demeure aujourd’hui une affection grave et incurable, dont les causes exactes restent encore mal élucidées. Toutefois, les récentes avancées de la recherche, notamment l’essai clinique mené par le CHU de Nîmes, montrent une certaine dynamique dans la compréhension et la prise en charge de cette maladie. La réduction significative du risque de décès observée chez certains patients traités par interleukine-2 à faible dose marque une étape prometteuse vers la mise au point de traitements capables de ralentir la progression de la maladie. Si ces résultats doivent être confirmés par de nouveaux essais à plus grande échelle, ils apporteront une nouvelle lueur d’espoir pour les milliers de personnes touchées par cette maladie.
Source : Assistance Publique Hôpitaux de Paris (AP-HP)
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