Le syndrome de glissement est une situation grave et souvent méconnue qui touche principalement les personnes âgées. Il se caractérise par un refus de vivre, une perte d’élan vital qui peut avoir de lourdes conséquences et mettre en danger la vie de la personne si une prise en charge adaptée n’est pas mise en place rapidement. Mieux connaître ses signes précurseurs est essentiel pour agir à temps et protéger nos aînés.
Qu’est-ce que le syndrome de glissement ?
Le syndrome de glissement désigne un état de repli et de renoncement brutal chez une personne âgée, généralement après un événement déstabilisant comme une hospitalisation, un deuil, une perte d’autonomie ou une entrée en Ehpad mal préparée et mal vécue.
Ce phénomène a été décrit pour la première fois dans les années 1950 par le gériatre Jean Carrié en tant que “processus d’involution et de sénescence porté à son état le plus complet”. Le terme de “glissement” a été attribué par la suite pour exprimer la tendance qu’a la personne atteinte de ce syndrome à se laisser “glisser” progressivement.
Le syndrome de glissement touche plus particulièrement les seniors fragilisés après un changement soudain de repères ou un choc émotionnel. Il se caractérise par des modifications subites du comportement comme une perte du goût de la vie, un refus de s’alimenter, de se lever ou d’effectuer la toilette quotidienne qui peuvent entraîner une dépendance, d’abord psychologique puis physique, avec des conséquences sur les gestes du quotidien, même chez des personnes âgées parfaitement autonomes auparavant.
Sans une prise en charge rapide, le manque de mouvement, d’alimentation et de soins peuvent évoluer vers une dénutrition sévère, une atrophie musculaire, une altération générale des fonctions et une mise en danger de la personne. Le syndrome de glissement représente donc une urgence médicale pour laquelle il est important de réagir le plus vite possible en repérant les signes précurseurs.
Quelles sont les causes et les facteurs de risque du syndrome de glissement?
Les raisons qui peuvent entraîner un syndrome de glissement sont nombreuses, d’ordre psychologiques ou physiques. Elles incluent :
- Une dépression, un sentiment d’abandon, une perte de repères.
- Une maladie aiguë ou chronique, une fracture, une chute, une douleur mal soulagée, une hospitalisation ou une intervention chirurgicale.
- Une situation d’isolement, un changement brutal du cadre de vie, une entrée en Ehpad mal préparée et vécue comme un abandon
- Le décès du conjoint, la perte d’un proche.
Les personnes âgées souffrant de solitude et d’isolement sont particulièrement vulnérables. Les périodes de convalescence représentent des moments particulièrement à risque durant lesquels il est recommandé d’entourer la personne et de la surveiller.
Comment repérer les premiers signes du syndrome de glissement ?
La difficulté principale est que le syndrome de glissement peut passer inaperçu au début, car ses signes ressemblent parfois à ceux d’une dépression ou d’un simple affaiblissement lié à l’âge.
Pourtant, certains symptômes doivent alerter :
- Refus de s’alimenter et de boire
- Repli sur soi, mutisme, absence d’intérêt pour l’environnement
- Perte d’autonomie soudaine (refus de se lever, de marcher, de s’habiller)
- Indifférence affective, retrait des relations avec la famille et les soignants
- Altération rapide de l’état général : amaigrissement, déshydratation, troubles de la conscience
- Troubles du sommeil et fatigue extrême
- Refus de soins
- Agressivité ou lassitude extrême
Ces symptômes apparaissent souvent après un élément déclencheur identifiable. Il est crucial de ne pas les banaliser et de consulter rapidement.
Pourquoi le syndrome de glissement représente une urgence ?
Le syndrome de glissement n’est pas une simple lassitude, ni une dépression, même s’il peut être difficile de faire la distinction. Cependant, sans intervention, l’évolution peut être rapide et mettre en danger la vie de la personne. Il nécessite l’intervention de professionnels et une prise en charge adaptée.
Un syndrome de glissement non pris en charge peut engendrer les complications suivantes :
- Perte de poids sévère
- Risque d’escarres
- Infections
- Troubles métaboliques
En un laps de temps relativement court, parfois en quelques semaines, ces complications peuvent engager le pronostic vital de la personne, d’où l’urgence d’une intervention médicale et psychologique rapide.
Que faire face à un syndrome de glissement ?
La prise en charge d’un syndrome de glissement chez une personne âgée se fait avec l’aide de professionnels : infirmiers, psychologues et ergothérapeutes. Il est recommandé de contacter le médecin traitant de la personne dès les premiers signes, afin d’avoir le plus de chances possibles d’intervenir à temps et d’effectuer un bilan complet.
Il est important de soutenir son proche en maintenant le lien affectif, avec des visites régulières, des paroles rassurantes et une stimulation émotionnelle. On peut aussi l’aider à retrouver ses repères grâce à des photos, des objets personnels et des habitudes quotidiennes. Selon le stade, il sera aussi plus aisé d’encourager l’alimentation et l’hydratation, souvent avec l’aide d’un diététicien. En cas de dénutrition sévère, une hospitalisation peut s’avérer nécessaire.
Ainsi, la prise en charge d’une personne âgée qui souffre d’un syndrome de glissement repose essentiellement sur l’accompagnement psychologique, le soulagement de la douleur, la stimulation motrice et cognitive, la restauration de l’estime de soi, la lutte contre la solitude et l’isolement.
Peut-on prévenir le syndrome de glissement ?
Il existe plusieurs mesures de prévention pour protéger nos aînés du syndrome de glissement. Cette prévention passe notamment par une vigilance accrue durant les périodes à risque, après un événement déstabilisant comme une hospitalisation, un deuil ou un déménagement. Soutien, témoignage d’affection et accompagnement aident la personne à se sentir moins seule face à l’épreuve ou au changement, à conserver ses repères et des liens affectifs précieux.
La prévention passe également par la préservation de la vie sociale et des activités stimulantes, un soutien psychologique régulier et la formation des aidants et des soignants aux signes annonciateurs et aux risques du syndrome de glissement ainsi qu’aux réflexes à adopter. En effet, les familles et les professionnels jouent un rôle essentiel pour repérer les premiers signaux d’alarme et agir sans délai.
Ainsi, le syndrome de glissement est un signal de détresse profond chez la personne âgée. Il reflète souvent un sentiment d’inutilité, de solitude ou de souffrance psychique. Véritable urgence médicale, il ne doit jamais être sous-estimé. Souvent confondu avec une simple dépression ou un affaiblissement lié à l’âge, il peut pourtant évoluer très rapidement vers une perte d’autonomie et mise en danger de la vie de la personne âgée. C’est pourquoi il est essentiel de connaître ses causes, d’apprendre à repérer ses signes précurseurs et d’agir sans attendre en sollicitant l’aide de professionnels de santé.
En maintenant un accompagnement attentif, un environnement sécurisant et un lien affectif fort, il est possible de redonner à nos aînés l’élan vital dont ils ont besoin. La prévention, la vigilance et le soutien quotidien restent les meilleures armes pour lutter contre le syndrome de glissement et préserver la dignité et la qualité de vie des personnes âgées fragilisées.
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