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Seniors et emploi : un marché en pleine expansion

Selon les dernières statistiques de l’Insee, les seniors sont de plus en plus présents sur le marché du travail. Un phénomène qui s’explique essentiellement par la hausse de l’espérance de vie et surtout par le recul de l’âge de la retraite instauré par la réforme de 2023. Quels sont les enjeux d’une telle évolution pour le marché du travail et pour la société ? 

Un taux d’emploi des 50-64 ans en hausse historique

Selon la Dares (Direction de l’Animation de la recherche, des Études et des Statistiques), en 2023, 58,4 % des personnes âgées de 55 à 64 ans ont un emploi, des taux qui continuent d’augmenter pour atteindre leurs plus hauts niveaux depuis 1975. Par ailleurs, selon les données de l’Insee présentées à la presse le 26 juin dernier et commentées par Libération “le taux d’activité des 50-64 ans en 2024 est 18 points plus élevés qu’il y a vingt-cinq ans”. Si, parmi les seniors de 55 ans, 80 % sont en emploi sans percevoir de retraite, on constate une forte augmentation également chez les les 60-64 ans, dont 45 % sont aujourd’hui actifs, soit “4 fois plus que dans les années 2000”. 

Ces chiffres témoignent d’un retour massif des seniors vers l’activité professionnelle, encouragé par plusieurs phénomènes comme les réformes progressives repoussant l’âge légal de départ à la retraite, les allongements de durée de cotisation et une volonté affirmée de valoriser l’expérience. On constate ainsi que le paysage de l’emploi senior se redessine avec des actifs plus nombreux, des retraités moins précoces, et une présence prolongée sur le marché du travail.

Cette tendance s’inscrit dans une nouvelle réalité concernant le 3ème âge avec des seniors qui vivent plus longtemps, en meilleure santé et qui participent davantage à la vie professionnelle. 

Quels sont les profils des seniors actifs?

Il est important de préciser tout d’abord qu’il ne faut pas confondre le taux d’activité avec le taux d’emploi. En effet, le taux d’activité inclut également les personnes inscrites au chômage. Cependant, chez les seniors, la différence n’a pratiquement pas d’incidence puisqu’il y a très peu de chômage dans la tranche des 60-64 ans, un âge où l’on est généralement soit à la retraite, soit en poste. 

A la lumière des données régionales publiées par l’Insee en juin 2023, on constate d’importantes disparités territoriales. Dans les Hauts‑de‑France, ”seuls 30 % des 55 à 70 ans occupent un emploi, la part la plus faible de France métropolitaine. Ce faible taux d’emploi s’accompagne d’une proportion plus élevée de chômeurs, de personnes inactives et de retraités”, des chiffres qui s’expliquent par une surreprésentation des ouvriers et des employés dans la région, des catégories socio-professionnelles plus exposées au chômage et partant plus tôt à la retraite. Dans cette région en effet, 45 % des 60-64 ans cadres restent en emploi, contre seulement 24 % des ouvriers. Ce qui reflète la pénibilité et l’épuisement physique plus fréquents dans les métiers manuels. On constate d’ailleurs que les retraités des Hauts-de-France disposent du niveau de vie le plus faible de France métropolitaine.

À noter également que le cumul emploi‑retraite, encore minoritaire, tend à se développer. En Hauts‑de‑France, le nombre de seniors qui cumulent un emploi avec la retraite a augmenté de 70 % entre 2008 et 2019. Ce choix permet souvent de moduler son activité tout en gardant un revenu complémentaire et un rôle social. Ce statut permet d’ailleurs à des retraités, sous certaines conditions, d’être éligibles à la prime d’activité

Quels sont les enjeux de l’augmentation des seniors actifs ?

Le nouveau paysage professionnel des seniors pose certains défis et enjeux auxquels il est nécessaire de s’adapter. Prolonger l’emploi au-delà de 60 ans implique notamment de réduire la pénibilité du travail, par exemple en aménageant mieux les postes, en adaptant les rythmes, et en développant les formations aux gestes professionnels pour que la fatigue physique et les maladies chroniques ne représentent pas des freins à l’activité des seniors. Les critères du recrutement et de l’emploi doivent également dépasser les préjugés et surmonter une culture d’entreprise bien ancrée dans les mentalités, afin d’intégrer la diversité des âges comme un atout, et non comme une contrainte. On pourrait alors profiter pleinement du savoir-faire et de la transmission d’expérience que les plus âgés peuvent apporter au milieu professionnel. 

Pour ce faire, il est important de favoriser la mise à jour des compétences, notamment concernant le numérique. L’investissement en formation continue devient crucial mais n’est pas encore suffisamment développé.

Une activité prolongée : des bénéfices pour tous

Le maintien de l’activité chez les seniors comporte plusieurs avantages, tant au niveau individuel que sociétal. En effet, le fait de travailler plus longtemps permet de garder un rythme de vie, un rôle et des liens sociaux, indispensables à un équilibre psychologique et au bien-vieillir. Le cumul emploi-retraite, par exemple, permet une transition optimale vers la retraite, préservant à la fois finances et estime de soi.

Par ailleurs, pour les entreprises, garder des collaborateurs seniors, c’est conserver du savoir-faire, stabiliser le personnel, et éviter des ruptures de compétences, pour autant que la culture d’entreprise s’adapte vers une bonne transmission de compétences et une reconnaissance des connaissances. 

Plus de seniors actifs, cela signifie également davantage de cotisations et moins de dépenses de retraites. Cela permet aussi de renforcer la cohésion intergénérationnelle via le partage d’expériences.

A l’heure où l’espérance de vie et l’espérance de vie en bonne santé sont des indicateurs en constante augmentation, les dynamiques constatées par l’Insee devraient s’accentuer sur les prochaines années. Pour que la société puisse tirer pleinement profit des bénéfices que peuvent apporter des seniors actifs plus longtemps, cela implique notamment d’adapter les conditions de travail et de lutter contre les préjugés de l’âgisme.  

Sophie B.

Rédactrice, journaliste presse et web passionnée de lettres et de belles lettres, Sophie dispose d’une grande expérience dans le domaine de la rédaction. A la recherche de la satisfaction des lecteurs, Sophie s’attache à la clarté du sens autant qu’à la beauté du verbe. Un diplôme de Sciences Politiques tout comme une formation d’enseignante lui permettent d’allier justesse, dynamisme et rigueur au service d’un contenu unique et recherché. Elle part sans cesse à la recherche de la réalité du terrain. Ses investigations auprès des publics concernés et les interviews qu’elle mène avec professionnalisme rendent son contenu vivant et instructif. Depuis plusieurs années, Sophie met sa plume et son expertise au service des seniors, afin d’approfondir de manière claire et rigoureuse les thématiques qui les touchent de près.

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