Accompagner une personne en fin de vie est une épreuve affective, psychologique et souvent matérielle. Pour soutenir les aidants confrontés à cette situation difficile, plusieurs aides sont disponibles. L’Allocation journalière d’accompagnement d’une personne en fin de vie (AJAP) vise à offrir un soutien financier aux personnes qui interrompent temporairement leur activité professionnelle pour rester auprès d’un proche gravement malade. Peu connue du grand public, cette aide peut pourtant alléger le poids des contraintes financières et permettre d’accompagner dignement la fin de vie. Quelles sont les conditions pour en bénéficier ? À combien s’élève cette allocation et comment en faire la demande ?
Qu’est-ce que l’AJAP ?
L’AJAP est une allocation destinée aux personnes salariées, aux travailleurs indépendants, aux fonctionnaires, mais aussi aux demandeurs d’emploi indemnisés qui interrompent ou réduisent leur activité professionnelle pour accompagner un proche en fin de vie ou gravement malade. Créée par la loi n° 2010-209 du 2 mars 2010 et mise en place par le décret n° 2011-50 du 11 janvier 2011, l’AJAP est versée par l’Assurance maladie sous certaines conditions et pour une durée limitée.
A quoi sert l’AJAP ?
L’Allocation journalière d’accompagnement d’une personne en fin de vie est une aide financière spécifique qui permet aux aidants de faire face aux défis financiers que peut poser l’accompagnement d’un proche en fin de vie. Cette allocation permet à de nombreuses familles d’accompagner leur proche dans la dignité, même quand la situation financière est fragile. En pratique, l’AJAP vise à compenser en partie la perte de revenus de l’aidant s’il interrompt ou diminue son activité pour s’occuper de son proche en fin de vie. Elle représente une aide précieuse dans une période éprouvante émotionnellement. A la lumière notamment d’une grande enquête réalisée par France Parkinson sur le rôle essentiel des aidants dans la fin de vie des personnes atteintes de Parkinson, cette allocation s’inscrit dans une volonté de reconnaître et valoriser le rôle de l’accompagnement humain et affectif dans les derniers moments de vie.
Qui peut bénéficier de l’AJAP?
L’AJAP est destinée aux bénéficiaires du congé de solidarité familiale, un dispositif qui permet à un salarié de s’absenter de son travail pour accompagner un proche en fin de vie. Dans certains cas, elle peut également être versée aux travailleurs indépendants qui cessent leur activité pour accompagner un proche en fin de vie et qui respectent les conditions.
Pour pouvoir bénéficier de l’AJAP, il faut respecter les conditions suivantes :
- Être proche de la personne accompagnée : il peut s’agir d’un ascendant, descendant, frère, sœur, personne partageant le domicile de façon stable et notoire, ou toute personne de confiance désignée.
- Justifier que la personne accompagnée se trouve en fin de vie : un certificat médical établi par le médecin traitant ou hospitalier atteste que la personne souffre d’une pathologie mettant en jeu le pronostic vital à court terme.
- Bénéficier du congé de solidarité familiale : valable pour les salariés en activité mais aussi pour les demandeurs d’emploi indemnisés par Pôle emploi.
Remarque: un salarié peut aussi bénéficier de l’AJAP s’il a transformé son congé de solidarité familiale en période d’activité à temps partiel.
Plusieurs situations permettent de toucher l’AJAP. Lorsque l’aidant accompagne son proche :
- Au domicile du proche
- A son propre domicile
- Au domicile d’un tiers
- En Ehpad (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes.)
Remarque : L’AJAP ne peut pas être versée si l’on accompagne une personne qui est hospitalisée, sauf lorsque l’hospitalisation intervient
après le début du versement de l’allocation qui continue d’être versée durant les jours d’hospitalisation.
Quel est le montant de l’AJAP ?
L’allocation journalière de l’AJAP est fixée par décret et revalorisée chaque année. Le montant alloué dépend de la situation du demandeur.
En 2025, les montants de l’AJAP sont les suivants :
- Lors d’une interruption totale de l’activité professionnelle : 64,41 € brut par jour.
- Si le demandeur continue à travailler à temps partiel : 32,20 € brut par jour.
La durée pendant laquelle l’AJAP peut être versée est la suivante :
- Jusqu’à 21 jours maximum, ouvrables ou non, en cas d’interruption totale de l’activité (les jours peuvent être consécutifs ou répartis sur une période de temps donné).
- Jusqu’à 42 jours maximum, ouvrables ou non, lorsque l’interruption de l’activité est à temps partiel.
Il est possible de prendre les 21 jours de manière consécutive, ou de manière fractionnée, sous la forme par exemple de demi-journées qui comptent à chaque fois pour moitié, ou de quelques jours par semaine.
Remarque : l’AJAP peut être partagée entre plusieurs aidants qui accompagnent la même personne, soit en même temps, soit successivement.
Quelles sont les démarches à effectuer ?
Pour demander l’AJAP, il faut suivre plusieurs étapes, selon la situation du demandeur :
Pour les salariés :
- Informer son employeur du souhait de prendre un congé de solidarité familiale, ou un passage à temps partiel, par lettre recommandée avec accusé de réception ou remise en main propre au moins 15 jours avant le début du congé.
- Compléter le formulaire de demande d’AJAP (formulaire cerfa n°14555*01) disponible sur le site de l’Assurance Maladie. L’un des paragraphes du formulaire est à faire remplir par le médecin de la personne accompagnée. Joindre au formulaire une attestation de l’employeur précisant que le demandeur bénéficie d’un congé de solidarité familiale avec les dates de début et de fin du congé.
Pour les travailleurs indépendants :
- Fournir une déclaration sur l’honneur précisant que le demandeur a suspendu ou réduit son activité professionnelle pour accompagner à domicile une personne en fin de vie
- Compléter le formulaire de demande d’AJAP.
Pour les demandeurs d’emploi indemnisés :
- Fournir une déclaration sur l’honneur de cessation de recherche active d’emploi, précisant qu’elle est motivée par la nécessité d’accompagner à domicile une personne en fin de vie.
- Compléter le formulaire de demande d’AJAP.
Le formulaire et les justificatifs sont à faire parvenir par courrier à l’organisme concerné, selon le régime du demandeur.
- Pour le régime général : au Centre national de gestion des demandes d’allocations journalières d’accompagnement d’une personne en fin de vie (Cnajap) ou à la caisse d’assurance maladie de rattachement.
- Pour le régime agricole : à la Mutualité sociale agricole (MSA)
- Pour les indépendants : à la branche de la Sécurité sociale pour les indépendants.
L’allocation est versée à partir de la date de réception de la demande, si le dossier est complet.
Ainsi, l’Allocation journalière d’accompagnement d’une personne en fin de vie (AJAP) constitue un soutien précieux pour les aidants qui choisissent de suspendre ou de réduire leur activité professionnelle afin d’accompagner un proche en fin de vie. En permettant de compenser une partie de la perte de revenus, cette aide contribue à rendre cet accompagnement plus serein et digne, malgré les difficultés émotionnelles et matérielles qu’il implique.
Sources : Service-Public.fr
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