Tandis que l’Hexagone traverse une vague de chaleur précoce, Santé publique France rappelle les consignes de sécurité et les bons réflexes à adopter pour se protéger et protéger les personnes les plus vulnérables. Qu’est-ce que le plan canicule ? Quelles sont les précautions à prendre ? Pourquoi les personnes âgées sont-elles plus exposées aux risques liés à la canicule ?
Pourquoi les personnes âgées sont-elles plus vulnérables en période de canicule ?
Les personnes âgées font partie des populations dites “à risques” face aux chaleurs extrêmes. En effet, pour plusieurs raisons, notamment physiologiques, en l’absence de précautions, les épisodes caniculaires peuvent représenter un réel danger pour les personnes de plus de 65 ans.
Selon les données de Santé publique France, les plus de 75 ans représentent la majorité des hospitalisations et des décès liés aux fortes chaleurs. Il est donc essentiel de renforcer la vigilance autour de cette population.
Les facteurs physiologiques et environnementaux qui rendent les personnes âgées plus vulnérables aux fortes chaleurs sont notamment les suivants :
- Perception différée et diminution de la sensation de soif, ce qui entraîne un risque accru de déshydratation.
- Moins bonne régulation thermique : le corps transpire moins, ce qui limite l’évacuation de la chaleur.
- Certaines maladies chroniques comme le diabète ou une insuffisance cardiaque qui fragilisent l’organisme.
- Une prise régulière de médicaments comme les diurétiques, les antihypertenseurs et les neuroleptiques qui peuvent aggraver les effets de la chaleur.
- L’isolement social qui réduit l’accès à l’aide en cas de malaise ou de besoin.
- Les troubles cognitifs, la dépendance ou les maladies neurodégénératives comme Alzheimer qui, en l’absence d’une surveillance accrue, peuvent priver les personnes des gestes de précaution essentiels comme boire régulièrement ou penser à porter des tenues légères.
Quels sont les risques principaux pour les seniors en cas de canicule ?
Ainsi, en l’absence de surveillance, de précautions adaptées et d’une prise en charge rapide en cas d’urgence, les chaleurs extrêmes peuvent provoquer plusieurs troubles graves chez les personnes âgées :
- Une déshydratation sévère
- Un coup de chaleur (hyperthermie), une urgence médicale potentiellement mortelle
- Des crampes, une fatigue intense, des vertiges ou une perte de connaissance
- Une aggravation des maladies chroniques
- Des troubles du comportement accrus chez les personnes atteintes de troubles cognitifs, en cas d’Alzheimer ou de démence, par exemple.
Déshydratation et coup de chaleur chez les personnes âgées : quels sont les signes d’alerte ?
En cas de températures extrêmes, il est important de surveiller certains signes inhabituels chez un proche âgé, afin de réagir le plus rapidement possible. En effet, les fortes chaleurs peuvent rapidement provoquer une déshydratation ou même un coup de chaleur qui représente une urgence médicale grave.
Bien que ces deux phénomènes soient provoqués par des fortes chaleurs, la déshydratation et le coup de chaleur ne sont pas similaires. La déshydratation est due à une perte d’eau dans le corps, tandis que le coup de chaleur est une augmentation dangereuse de la température corporelle qui peut endommager les organes et représente une urgence médicale.
Les signes de déshydratation légère à modérée :
- Fatigue inhabituelle, somnolence
- Bouche sèche, langue pâteuse
- Maux de tête, vertiges, étourdissements
- Urines peu abondantes
- Constipation
- Crampes musculaires
La déshydratation est généralement progressive. Si elle n’est pas corrigée à temps, elle peut entraîner des symptômes plus graves et des complications comme un épisode de confusion et un état de choc. La personne peut même sombrer dans le coma.
Les signes d’alerte du coup de chaleur
Si la déshydratation comporte des risques pour les personnes âgées, le coup de chaleur est d’autant plus grave.
Il se manifeste par les symptômes suivants :
- Température corporelle élevée, supérieure ou égale à 39°C
- Peau chaude, sèche ou moite, absence de transpiration
- Accélération du rythme cardiaque et/ou respiratoire
- Troubles du comportement : confusion, agitation, propos incohérents
- Perte de connaissance ou malaise
- Nausées, vomissements
Quels sont les bons gestes à adopter durant la canicule ?
- Boire régulièrement sans attendre d’avoir soif. Il est recommandé de privilégier l’eau, les tisanes froides, les soupes froides, d’éviter les boissons alcoolisées, caféinées ou très sucrées. Il faut être particulièrement vigilant envers une personne atteinte de troubles cognitifs qui ne pensera pas forcément à boire et lui proposer des rafraîchissements toutes les heures.
- Garder son logement au frais. Pour ce faire, il est conseillé de fermer les volets et fenêtres en journée, les ouvrir le soir et la nuit s’il fait plus frais, d’utiliser un ventilateur ou si possible un climatiseur, et d’éviter d’utiliser des appareils électroménagers produisant de la chaleur comme le four ou les plaques de cuisson.
- Se rafraîchir régulièrement. On peut se doucher ou se mouiller le corps plusieurs fois par jour à l’aide d’un gant frais, d’un brumisateur ou d’une serviette humide, se couvrir la tête avec un chapeau humide si l’on sort.
- Modifier ses activités et son alimentation. Santé publique France recommande d’éviter les efforts physiques, surtout aux heures les plus chaudes de la journée. L’alimentation peut également aider le corps à lutter contre les fortes chaleurs. On privilégiera des produits frais comme des fruits et légumes, des produits laitiers froids.
Santé publique France rappelle également aux personnes âgées l’importance de donner régulièrement des nouvelles à leurs proches et de ne pas hésiter à demander de l’aide lorsque c’est nécessaire. Les personnes vulnérables (les personnes âgées de 65 ans ou plus et les personnes en situation de handicap) sont encouragées à s’inscrire au registre des mairies pour bénéficier des mesures de protection du plan canicule et d’un suivi durant les périodes de fortes chaleurs.
Qu’est-ce que le plan canicule ?
Le plan canicule est un dispositif national de protection des populations fragiles. Mis en place à la suite de la canicule meurtrière de 2003, le Plan national canicule (PNC) est activé chaque été, entre le 1er juin et le 15 septembre. Il est piloté par le Ministère de la Santé et de la Prévention et repose sur une veille météorologique quotidienne assurée par Météo-France et Santé publique France.
Le plan comprend quatre niveaux d’alerte, en coordination avec les agences régionales de santé (ARS) et les préfectures :
- Niveau 1 : veille saisonnière.
- Niveau 2 : avertissement chaleur.
- Niveau 3 : alerte canicule
- Niveau 4 : mobilisation maximale
Lorsqu’un niveau élevé est atteint, des mesures spécifiques sont prises pour protéger les personnes âgées :
- Mobilisation des établissements de santé, des Ehpad et des services à domicile.
- Ouverture de lieux rafraîchis dans certaines communes.
- Renforcement de la communication auprès du grand public et des aidants.
- Activation de dispositifs d’appel ou de visite pour les personnes isolées inscrites sur le registre communal.
Ce plan vise à éviter les décès évitables liés à la chaleur, en mobilisant à la fois les autorités, les professionnels de santé et l’ensemble des citoyens.
Gestion de la canicule en Ehpad : activation du plan bleu
Lors d’un événement majeur comme une canicule sévère, une épidémie, une crise sanitaire ou une catastrophe naturelle, le déclenchement du plan bleu en Ehpad permet aux établissements médico-sociaux d’organiser et de coordonner différentes actions face à l’urgence de la situation pour assurer la continuité des soins et la sécurité des résidents dans les meilleures conditions.
En période de canicule, le plan bleu en EHPAD inclut une série de mesures concrètes et coordonnées au sein des établissements comme l’adaptation des locaux pour favoriser l’utilisation de systèmes de climatisation et de ventilateurs, la modification du programme des activités et des menus, la distribution régulière de boissons fraîches et la mise en places de procédures d’urgence en cas de déshydratation et de coup de chaleur.
Par ailleurs, les infirmiers coordonnateurs et le personnel soignant jouent un rôle clé pour anticiper les signes de déshydratation ou d’aggravation de l’état de santé.
Ainsi, malgré les nombreuses campagnes de sensibilisation de Santé publique France et le déploiement, chaque année, du plan canicule et du plan bleu en Ehpad, les périodes de chaleur intense restent une menace pour les personnes vulnérables. La protection des personnes âgées doit rester une priorité collective. Le rappel constant des gestes de protection et des bons réflexes à avoir permet d’éviter les complications et peut sauver des vies.
Grâce au Plan national canicule et à l’activation du Plan bleu en Ehpad, des dispositifs efficaces existent pour anticiper les situations d’urgence.
Source : solidarites.gouv.fr / Santé publique France
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