L’actualité des Séniors - Bookingseniors

Habitat inclusif en Normandie : ils ont choisi de vivre ensemble

Avec le vieillissement de la population et l’attrait de la Normandie pour bon nombre de seniors, les personnes de plus de 65 ans représentent un pourcentage de plus en plus élevé de la population de cette région. A la recherche d’alternatives à une entrée en établissement, certaines d’entre elles tentent l’habitat inclusif. C’est le cas des habitants des 26 logements d’un habitat inclusif de Valognes. 

Dans la petite ville de Valognes, en Normandie, plusieurs personnes âgées ont tenté l’expérience de l’habitat inclusif grâce à un projet porté par l’association Béguinage solidaire. Ce projet propose aux personnes âgées autonomes et à quelques personnes en situation de handicap de loger au sein des 26 logements individuels implantés dans les magnifiques locaux d’un ancien hôtel particulier. Mais il s’agit surtout de participer à un projet commun et de partager un quotidien bien rempli. Elles se sont confiées à Gerontonews, le site d’information destiné aux professionnels du secteur du grand âge. 

Qu’est-ce que l’habitat inclusif ?

L’habitat inclusif est une forme d’habitat autonome mais accompagné, avec un mode de vie partagé entre plusieurs personnes, âgées ou en situation de handicap. L’habitat inclusif est pensé pour permettre à des personnes en perte d’autonomie de vivre chez elles, mais avec un projet de vie sociale commun et un accompagnement. Pour certains, il représente une bonne alternative à l’Ehpad.

L’habitat inclusif se trouve au sein de différents projets : 

  • L’Habitat partagé ou colocation. Plusieurs personnes âgées ou en situation de handicap vivent ensemble dans un logement partagé. Elles disposent chacune d’une chambre privative avec un accès partagé aux espaces communs du logement : cuisine, salon, terrasse, jardin,…L’habitat partagé peut être accompagné. Les colocataires bénéficient d’un accompagnement pour toutes les questions relatives au logement et à la vie au sein de la colocation, avec des aides à domicile, la présence d’une ou plusieurs auxiliaire de vie et parfois des activités organisées. 
  • L’habitat groupé. Chaque habitant dispose d’un logement privatif et autonome. Les logements sont à la fois situés à proximité les uns des autres et proches d’espaces communs définis pour les activités et les temps de convivialité partagés.
  • L’habitat diffus. Il regroupe différents logements répartis au sein du même quartier, qui inclut également des espaces communs à la disposition des habitants pour les activités et les temps de convivialité partagés.

L’habitat inclusif repose sur trois caractéristiques essentielles : 

  • Il accueille des personnes en perte d’autonomie, que ce soit des personnes âgées ou en situation de handicap.
  • Il est associé à un projet de vie sociale et partagée.
  • Il bénéficie d’un accompagnement professionnel.

Partager un projet et fuir la solitude

Comme le témoignent les personnes âgées qui ont choisi l’habitat inclusif de l’association Béguinage solidaire à Valognes, fuir la solitude fait partie des motivations premières qui poussent nos aînés vers ce type d’habitat, même si le choix de quitter son logement n’est jamais simple. Tout en profitant d’un logement privatif, maisonnette avec jardin ou appartement aménagé, les habitants, seuls ou en couple, partagent un projet, des rencontres, des activités et surtout des moments agréables avec les autres. Les habitations incluent même quelques appartements à la location pour les familles. Les participants au projet mettent aussi en avant l’avantage d’avoir une ouverture sur l’extérieur, de sortir librement et de ne pas “se sentir enfermés.” Les activités peuvent aussi se faire en collaboration avec d’autres acteurs de la ville et s’ouvrir aux autres personnes âgées du quartier. 

Entraide et solidarité

Une autre dimension importante de l’habitat inclusif qui transparaît des témoignages recueillis est un fort sentiment d’entraide et de solidarité entre les habitants. Cet avantage est souvent cité par les personnes âgées qui ont choisi l’habitat inclusif, que ce soit en habitat partagé ou au sein de colocations. Il peut s’agir simplement d’une présence qui rassure ou d’une aide dans les moments difficiles, d’une solidarité lorsque l’un dispose d’une capacité que l’autre n’a pas ou plus, d’une aide ponctuelle en cas de besoin. Même si la vie à plusieurs n’est pas toujours “un long fleuve tranquille” et que comme partout il y a des petites mésententes à régler, chacun sait qu’il peut compter sur l’autre. 

Des projets pour les petits budgets

L’aspect économique fait aussi souvent peser la balance du côté de l’habitat inclusif. Qu’il s’agisse d’une colocation seniors ou d’un habitat groupé, il est possible de mutualiser certains frais. Par ailleurs, des projets comme celui de l’association Béguinage solidaire sont ouverts aux personnes âgées avec des revenus modestes, grâce à la participation de bénévoles, à des recherches de dons et à certaines subventions. Mais ce n’est pas le cas de tous les projets d’habitat inclusif qui se confrontent à certaines barrières comme l’obtention des autorisations et des financements nécessaires. C’est notamment ce qui a conduit l’Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux (Uniopss) à proposer de soutenir les projets d’habitat inclusif pour les personnes précaires vieillissantes en préconisant de sécuriser le financement des porteurs de projet au-delà de 2029, date butoire actuellement prévue. 

Les limites de l’habitat inclusif

Si les projets d’habitat inclusif apportent une véritable plus-value dans le secteur de l’habitat pour les personnes âgées ou en situation de handicap, ils connaissent certaines limites. Lorsque l’état de santé se dégrade ou que la personne est atteinte d’une maladie dégénérative comme Alzheimer, il est souvent nécessaire d’envisager un hébergement au sein d’un Ehpad, capable d’apporter une prise en charge médicalisée et un environnement sécurisé. Défilé des aides à domicile ou nécessité de financer des travaux de rénovation pour adapter les lieux à une perte progressive d’autonomie de certains habitants peuvent représenter d’autres freins à l’habitat inclusif. 

Sophie B.

Rédactrice, journaliste presse et web passionnée de lettres et de belles lettres, Sophie dispose d’une grande expérience dans le domaine de la rédaction. A la recherche de la satisfaction des lecteurs, Sophie s’attache à la clarté du sens autant qu’à la beauté du verbe. Un diplôme de Sciences Politiques tout comme une formation d’enseignante lui permettent d’allier justesse, dynamisme et rigueur au service d’un contenu unique et recherché. Elle part sans cesse à la recherche de la réalité du terrain. Ses investigations auprès des publics concernés et les interviews qu’elle mène avec professionnalisme rendent son contenu vivant et instructif. Depuis plusieurs années, Sophie met sa plume et son expertise au service des seniors, afin d’approfondir de manière claire et rigoureuse les thématiques qui les touchent de près.

Ajouter un commentaire